La Banque africaine de développement (BAD) vient d’approuver une stratégie de transformation de l’agriculture africaine pour un secteur agroalimentaire compétitif et inclusif, à même de créer de la richesse, d’améliorer les conditions de vie de ses populations et de sauvegarder l’environnement.
Ce programme vise à éradiquer la faim et la pauvreté rurale en Afrique dans les dix ans à venir. Pour ce faire, elle mise sur une transformation fondée sur un développement à grande échelle de l’agriculture en tant qu’activité commerciale à forte valeur ajoutée, stimulée par le secteur privé et soutenue par le secteur public, et qui recourt à des mécanismes de financement innovants.
Atteindre de tels objectifs exige d’accroître la productivité, la valeur ajoutée et les investissements en infrastructures, de mettre en place un environnement favorable à l’industrie agroalimentaire, de catalyser les flux de capitaux et de préserver le caractère inclusif et durable de l’agriculture et sa capacité à fournir une alimentation de qualité, et ce, de manière coordonnée.
La stratégie de transformation définit 15 chaînes de valeur prioritaires pour des produits de base, en fonction de zones agro-écologiques précises, le but étant d’atteindre l’autosuffisance pour certains produits comme le riz, le blé, le poisson, l’huile de palme, l’horticulture et le manioc ; de gravir les échelons des chaines de valeur pour les produits principalement destinés à l’exportation comme le cacao, le café, le coton et les noix de cajou ; d’assurer la sécurité alimentaire au Sahel grâce au sorgho, au mil et à l’élevage ; et d’exploiter le potentiel de la savane guinéenne pour la production de maïs, de soja et de bétail.
‘Nourrir l’Afrique’, c’est le nom du projet, soutient, de manière convaincante, qu’il est possible d’inverser la situation d’un continent qui dépense chaque année 35,4 milliards de dollars EU pour ses importations de denrées alimentaires, alors qu’il héberge près de 65 % des terres arables sous-exploitées dans le monde.
Quelque 70 % de la population africaine et 80 % des pauvres du continent qui vivent en milieu rural dépendent de l’agriculture et d’entreprises rurales non agricoles pour leurs moyens de subsistance. Il est de plus en plus difficile pour eux de répondre à leurs besoins alimentaires de base, au fur et à mesure que s’accroît la pression démographique ; les terres et l’eau deviennent des ressources rares qui se dégradent, et la productivité agricole n’augmente plus.
Conduire ce programme de transformation au cours des 10 prochaines années exigerait de 315 à 400 milliards de dollars d’investissements, selon les calculs, avec un retour sur investissement annuel de 85 milliards de dollars dans l’hypothèse d’un financement intégral.
La BAD investira 24 milliards elle-même et mobilisera des financements supplémentaires au moyen de prises de participation (fonds propres et quasi-fonds propres) et d’instruments de crédit et de risque, afin de catalyser les investissements à grande échelle en provenance du secteur privé ainsi que les cofinancements des donateurs traditionnels et des nouveaux acteurs.
Akinwumi Adesina, le président de la BAD, a indiqué que cette stratégie bénéficiait du soutien de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international pour le développement agricole (IFAD), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), ainsi que du secteur privé et des gouvernements.
La transformation de l’agriculture fondée sur un développement à grande échelle en tant qu’activité commerciale à forte valeur ajoutée est l’option retenue par le Togo qui entend implanter des agropoles à travers le pays. Il peut ainsi espérer recevoir des prêts et des subventions de la BAD.