« L'hôpital Chinois ». C'est ainsi que les habitants de la ville de Kara, au nord du Togo, appellent cet établissement inauguré en 1994 par la Chine dans le quartier de Tomdé.
Le complexe, fruit de la coopération entre Beijing et Lomé, fut à ses débuts le fleuron de la médecine avec une centaine de lits, des blocs opératoires dernier cri, des départements à la pointe en médecine générale, chirurgie, pédiatrie, traumatologie ou gynécologie.A son ouverture, l'hôpital est doté d'un statut un peu hybride entre établissement privé et public. Une équipe de médecins chinois gère le complexe. Elle est complétée quelques années plus tard par des Togolais.
Le centre hospitalier est payant, mais à un coût modique, et dispose en permanence d'un stock de médicaments envoyé par la Chine fourni gratuitement aux patients.
En 2001, l'hôpital change de statut pour devenir un centre hospitalier régional (CHR) ; il bénéficie dès lors des subventions de l'Etat. Mais c'est aussi le début des problèmes. L'afflux des malades, le manque de ressources et l'absence d'entretien des équipements marquent la lente mais inexorable chute de « l'hôpital chinois ».
« Nous avons un sérieux besoin d'aide. L'appui de l'Etat est largement insuffisant face aux charges auxquelles nous avons à faire face », explique le directeur, Adom-Ako Yao Bilama.
En 2007, le CHR a assuré 21.000 consultations. Il emploie 252 personnes dont 6 médecins locaux et 15 médecins chinois.
« Depuis 14 ans, l'hôpital n'a pas été rénové et les équipements n'ont jamais été renouvelés. Dans ce contexte, il ne nous est plus possible d'assurer une médecine de qualité », souligne Adom-Ako Yao Bilama inquiet que le CHR qu'il dirige ne fasse pas partie du vaste programme de rénovation et de modernisation lancé par le ministère de la Santé.
« J'ai bien conscience que l'Etat ne peut pas tout faire, tout de suite. Toutefois, j'espère que l'on ne nous oubliera pas », note le directeur du centre hospitalier régional de Kara Tomdè.
«Nous avons formulé des doléances auprès du ministre lors de sa tournée dans la région ; il nous a expliqué qu'il était à pied d'Œuvre pour trouver des solutions ; je souhaite vivement que les bonnes volontés se manifestent pour sauver notre hôpital».