Soixante pays africains et sud-américains se sont prononcés dimanche en faveur d'un nouveau système financier, fondé sur des institutions régionales et sur une logique de développement, au cours de leur deuxième sommet, dimanche au Venezuela auquel assistait le président du Togo, Faure Gnassingbé. Dans la déclaration finale adoptée dans l'île de Margarita (nord), ils insistent sur la nécessité de renforcer leur alliance sud-sud, pour mieux résister aux crises éclatant dans les pays industrialisés et parler d'une voix plus forte dans les organisations internationales.
"Nous devons bâtir un système financier international fondé sur une logique de développement et non sur sa logique perverse actuelle", a plaidé le président de l'Equateur, Rafael Correa, président en exercice de l'Unasur (Union des nations sud-américaines)."Nous devons négocier un accord monétaire régional et birégional pour coordonner nos politiques et éviter que la crise ne s'approfondisse dans nos pays", a-t-il ajouté.
Samedi, le président vénézuélien Hugo Chavez avait déjà proposé la création d'une banque birégionale pour financer les projets de coopération africano-sud-américains.
Sept pays sud-américains ont fait un premier pas indispensable pour la réalisation de ce projet, en signant samedi soir l'acte de naissance officiel de la Banque du Sud. Cet organisme destiné à financer des programmes de développement en Amérique du Sud était resté une coquille vide depuis l'annonce de son lancement fin 2007.
"Nous devons chercher de nouveaux partenaires, de nouvelles relations. Le XXIe siècle peut être le siècle de l'Afrique et de l'Amérique latine. Il faudra que nous dépendions plus de nos décisions que d'hypothétiques aides extérieures", a argumenté le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Il a aussi appelé les deux régions à oeuvrer ensemble pour obtenir "l'ouverture des marchés agricoles européens aux pays africains", dans le cadre des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour conclure le cycle de Doha sur la libéralisation des échanges, entamé en 2001.
Le thème est repris dans la déclaration finale, où les pays des deux régions apportent leur "soutien total à la réforme du conseil de sécurité des Nations unies, pour garantir une meilleure participation des pays en développement des régions sud-américaine et africaine".
Ils y proposent aussi de multiplier les projets énergétiques communs ou de renforcer la coopération en matière de santé et d'agriculture.
Pour assurer un meilleur suivi des projets lancés, un secrétariat de l'ASA (Amérique du Sud-Afrique) sera installé au Venezuela et un groupe limité de pays se réunira régulièrement.
M. Chavez, qui a déploré le bilan très faible du plan d'action adopté lors du premier sommet ASA fin 2006 à Abuja, a multiplié les propositions.
En matière énergétique, le président du premier exportateur latino-américain de brut a notamment proposé de créer une compagnie publique plurinationale, chargée d'alimenter en carburant les deux régions, qu'il a baptisée "Petrosur".
Il a aussi milité pour la construction de raffineries en Afrique, afin que les pays producteurs tirent un meilleur prix de leur pétrole, et a annoncé la signatures d'accords ou de lettres d'intention pour plusieurs projets énergétiques et miniers avec des pays africains.
La présidente argentine Cristina Kirchner, elle, a proposé de fournir la "technologie, l'expertise, les machines pour que l'Afrique (...) puisse produire elle-même ses aliments".
Le prochain sommet ASA aura lieu en 2011 en Libye.