
Réunis à Lomé depuis jeudi, les responsables du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) ont lancé un signal d’alarme : la situation alimentaire et nutritionnelle dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest demeure extrêmement préoccupante, malgré une campagne agropastorale jugée globalement satisfaisante pour l’année 2024.
Réunis à Lomé depuis jeudi, les responsables du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) ont lancé un signal d’alarme : la situation alimentaire et nutritionnelle dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest demeure extrêmement préoccupante, malgré une campagne agropastorale jugée globalement satisfaisante pour l’année 2024.
Les données consolidées à la fin décembre 2024 indiquaient déjà que 34,7 millions de personnes étaient en besoin immédiat d’assistance alimentaire au cours du dernier trimestre de l’année. Et les projections sont encore plus alarmantes : si aucune mesure d’ampleur n’est prise, le nombre de personnes en situation de crise alimentaire pourrait atteindre 47 millions entre juin et août 2025, période de soudure critique dans la région.
Face à cette urgence humanitaire, les membres du dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires ont entamé une session de travail de trois jours à Lomé. Objectif : formuler des réponses anticipées, coordonnées et pragmatiques à une crise multidimensionnelle exacerbée par les chocs climatiques, l’insécurité, les conflits armés, les déplacements de populations, et plus récemment, une instabilité politique accrue dans plusieurs pays de la région.
Lors de la rencontre, Issoufou Baoua, directeur général du Centre AGRHYMET, l’institution spécialisée du CILSS en matière de veille climatique, a rappelé que la situation actuelle « nous oblige à proposer des mesures d’intervention appropriées pour assister les populations les plus vulnérables ». Il a également insisté sur la nécessité de tirer profit de cette concertation pour « formuler des propositions consensuelles et à la hauteur des défis ».
Une région sous pression : entre défis climatiques et instabilité politique
La conférence de Lomé se déroule dans un contexte régional marqué par de profondes mutations : transitions politiques fragiles, réduction de l’espace humanitaire dans certaines zones, et capacité institutionnelle souvent affaiblie. Le CILSS, fort de ses 17 États membres, dont 8 pays côtiers (Bénin, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal, Togo), tente de renforcer la coordination régionale pour répondre à des défis qui ne connaissent pas de frontières.
En dépit d’une légère hausse de la production agricole, la résilience des systèmes alimentaires reste insuffisante pour absorber les chocs successifs. L’inflation des prix des denrées, la dégradation des moyens d’existence des ménages ruraux et l’accès limité aux intrants agricoles aggravent une insécurité alimentaire qui touche désormais aussi bien les campagnes que les centres urbains.
L’ensemble des parties prenantes réunies à Lomé – experts climatiques, gouvernements, partenaires techniques et financiers – s’accorde sur la nécessité d’un changement de paradigme, qui intègre une planification plus stratégique, des mécanismes de réponse rapide et un investissement accru dans les systèmes de surveillance, d’alerte précoce et d’intervention multisectorielle.
Le CILSS, qui fête cette année plus de 50 ans d’existence, reste un acteur pivot de la réponse régionale. Mais la gravité des projections impose une mobilisation exceptionnelle pour éviter un effondrement humanitaire dans certaines zones du Sahel.
Les conclusions de cette concertation de Lomé sont attendues comme une feuille de route urgente pour sauver des vies, préserver les moyens de subsistance et prévenir une crise majeure dans les mois à venir.
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