Continuité diplomatique
Il y a 20 ans, le 5 février 2005, disparaissait Gnassingbé Eyadéma, président du Togo pendant 38 ans. Il est reconnu sur la scène africaine comme un médiateur incontournable dans la résolution des conflits qui ont secoué le continent au cours des dernières décennies du XXe siècle.
Il y a 20 ans, le 5 février 2005, disparaissait Gnassingbé Eyadéma, président du Togo pendant 38 ans. Il est reconnu sur la scène africaine comme un médiateur incontournable dans la résolution des conflits qui ont secoué le continent au cours des dernières décennies du XXe siècle.
Son engagement en faveur de la paix et de la stabilité régionale a contribué à asseoir l’image du Togo comme un pays diplomatique influent en Afrique.
Dès son accession au pouvoir en 1967, Gnassingbé Eyadéma s’est positionné comme un acteur clé de la stabilité en Afrique de l’Ouest et centrale. Il a fait du Togo un carrefour diplomatique, accueillant régulièrement des négociations et offrant ses bons offices pour le règlement des crises politiques et militaires.
L’un de ses principaux atouts résidait dans sa capacité à dialoguer avec tous les acteurs, quelles que soient leurs appartenances idéologiques ou politiques. Il entretenait des relations diplomatiques équilibrées avec les pays occidentaux, tout en conservant une forte proximité avec ses homologues africains, ce qui lui a permis d’agir comme un médiateur respecté.
Médiations Clés en Afrique : Un Rôle de Pacificateur
La Guerre Civile au Tchad (1979-1982)
L’un des faits marquants de sa carrière diplomatique fut son implication dans la crise tchadienne. Alors que le pays était plongé dans une guerre civile sanglante entre Goukouni Oueddei et Hissène Habré, Gnassingbé Eyadéma a entrepris des démarches de conciliation pour mettre fin aux affrontements. Son engagement l’a conduit à traverser en pirogue le fleuve Oubangui afin de rencontrer les factions belligérantes, illustrant son implication personnelle et son audace diplomatique.
Le Conflit de la Péninsule de Bakassi (Cameroun-Nigeria)
Il a également joué un rôle important dans la médiation entre le Cameroun et le Nigeria, qui se disputaient la presqu’île de Bakassi. Grâce à ses interventions et celles d’autres acteurs régionaux, le conflit a pu être apaisé avant qu’un règlement ne soit trouvé sous l’égide de la Cour internationale de justice.
Les Guerres du Shaba (Zaïre, 1977-1978)
Le Togo, sous la présidence d’Eyadéma, a participé aux efforts de stabilisation du Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), en contribuant notamment aux initiatives régionales visant à contenir les conflits dans cette zone stratégique.
La Guerre Civile en Sierra Leone (1991-2002)
En Sierra Leone, où une guerre civile brutale a fait plus de 120 000 morts, Eyadéma s’est impliqué dans les pourparlers de paix, cherchant à faciliter des accords entre le gouvernement et les forces rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF).
Le président togolais a également intervenu dans la crise centrafricaine, ainsi que dans plusieurs autres conflits comme la Côte d’Ivoire consolidant son rôle d’homme de dialogue en Afrique.
Son rôle diplomatique reste salué par de nombreux dirigeants africains. Son engagement pour la médiation et la stabilité régionale a ouvert la voie à une politique étrangère togolaise axée sur la diplomatie, poursuivie aujourd’hui par Faure Gnassingbé.
Le Togo continue de jouer un rôle clé dans les médiations régionales, notamment entre :
- La France et le Mali, lors du retrait des forces françaises.
- La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, après des tensions militaires.
- La CEDEAO et les pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) pour éviter une escalade des conflits.
À travers cette continuité diplomatique, le Togo perpétue l’héritage de médiation et de stabilité instauré par Gnassingbé Eyadéma, faisant du pays un acteur clé des négociations en Afrique de l’Ouest et au-delà.