Le président du Togo, Faure Gnassingbé, et une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement tentent à Rome de trouver des remèdes à la crise alimentaire mondiale et à la flambée des prix.
La controverse sur les biocarburants et les subventions agricoles a dominé l'ouverture du sommet de la FAO à Rome, où le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé que la production alimentaire devait augmenter de 50% pour faire face aux besoins d'ici à 2030.La flambée des cours des denrées alimentaires touche de plein fouet les pays les plus pauvres et a provoqué des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie.
M. Ban, qui dévoilait les principes du "cadre global d'action" contre la flambée des prix, élaboré par la cellule de crise rassemblant les chefs des agences onusiennes spécialisées, du FMI et de la Banque mondiale, a appelé à "un plus grand degré de consensus international sur les biocarburants".
Le président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva, dont le pays est le deuxième producteur d'éthanol après les USA, a rétorqué que "les biocarburants", qui sont soupçonnés d'aggraver la flambée des prix des denrées alimentaires, "n'étaient pas des bandits".
Ils peuvent "au contraire devenir un outil important pour sortir les pays de l'insécurité alimentaire", a-t-il souligné devant une cinquantaine de dirigeants de la planète présents à Rome pour cette conférence internationale de trois jours.
Dans son discours, M. Ban a aussi souhaité que soient abandonnées "les politiques économiques qui créent des distorsions de marché" et sont soupçonnées d'aggraver la crise, plaidant en faveur d'un accord dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Il a ainsi lancé un appel à l'arrêt des restrictions aux exportations alimentaires "pour des raisons humanitaires".
"Certains pays ont limité leurs exportations ou ont imposé des mesures de contrôle des prix. Ces politiques qui nuisent aux pays voisins ne peuvent pas fonctionner. Elles ne font que créer des distorsions de marché et contribuent à faire encore grimper les prix", a-t-il expliqué.
M. Ban a aussi souligné être engagé dans la mise au point d'une stratégie de long terme basée sur les résultats du sommet de Rome et qui aura des prolongements "au sommet du G8 de juillet et à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre".
Profitant de cette rare tribune en Occident offerte par la FAO, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est livré à une attaque contre l'ONU, appelant à régler la crise alimentaire en dehors de cette instance.
"Comment les mécanismes de l'ONU peuvent-ils améliorer la situation alors que certaines puissances imposent leurs décisions au Conseil de sécurité et l'instrumentalisent ?", a-t-il lancé.
Il a aussi accusé des "grandes puissances", qu'il n'a pas nommées, d'agir "pour dévaluer le dollar", ce qui se traduit par une "augmentation des prix" du pétrole et des denrées alimentaires.
Lors d'une conférence de presse, il a prédit une nouvelle fois la disparition d'Israël "que nous soyons impliqués ou non", accusant les Etats-Unis de n'avoir apporté au Moyen-Orient que "menaces, pressions et coercition".
Autre présence très contestée au sommet, celle du président du Zimbabwe Robert Mugabe qui a été vivement critiquée par plusieurs pays, en particulier la Grande-Bretagne, l'Australie, l'Allemagne et les Etats-Unis.
Il a accusé Londres d'encourager les efforts des Occidentaux pour parvenir à "un changement illégal" du régime dans son pays, en l'affaiblissant économiquement.
"Nous avons démocratisé le régime de propriété de la terre, mais cela a soulevé la colère de nos anciens maîtres coloniaux", a-t-il lancé
"Sous la mauvaise gestion du président Mugabe, le Zimbabwe, qui était un exportateur de produits alimentaires, en est devenu un importateur net", a rétorqué depuis Washington le département d'Etat.
Robert Mugabe, interdit de séjour dans l'Union européenne (UE), a pu accéder au territoire italien grâce à une dérogation.
Le président sénégalais a enfin répété ses critiques contre la FAO qui assiste les pays en développement comme "des mendiants", affirmant être "déçu" par l'agence de l'ONU.
En photo : Jacques Diouf, directeur général de la FAO