'Paternalisme, mépris, condescendance, arrogance'
Les appels à de profonds changements se sont poursuivis à l’occasion du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, souligne l’ONU dans une note de synthèse.
Les appels à de profonds changements se sont poursuivis à l’occasion du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, souligne l’ONU dans une note de synthèse.
Outre la réforme du Conseil de sécurité, il a beaucoup été question de réformer l’architecture financière internationale: des initiatives réclamées d’urgence par les pays les moins avancés (PMA), dont 15 se sont exprimés aujourd’hui.
Il ne suffit pas d’appeler à la prospérité pour tous si les règles commerciales et les systèmes financiers aggravent la pauvreté des nations, a ainsi sèchement souligné le Président du Malawi, un PMA en proie au choléra, à la sécheresse et aux cyclones. « Annulez les dettes »! a-t-il d’ailleurs scandé à la tribune, affirmant que seul ce type d’actes forts pourrait permettre de rattraper les pertes économiques de la pandémie de COVID-19 et les deux années de progrès perdues à cause de la guerre en Ukraine. D’ici là, il compte continuer de « frapper aux portes des institutions financières qui restent trop lentes, trop insensibles et trop rigides ».
Même son de cloche de son homologue zimbabwéen, qui a parlé d’une architecture « excluante », incapable de fournir aux PMA les ressources nécessaires pour les aider à financer leur développement en matière de santé et d’environnement.
Outre l’annulation et la restructuration de la dette, le dirigeant a réclamé des prêts concessionnels à long terme ainsi qu’un accès accru aux droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés.
« Pour rétablir la confiance, il est impératif que le Nord tienne ses promesses et écoute les voix du Sud », a ajouté le Chef de l’État tanzanien; mais il a concédé que le Sud devrait aussi, de son côté, augmenter ses recettes nationales en mettant fin à l’hémorragie de ses ressources naturelles et aux sorties illicites de capitaux.
L’aide publique au développement (APD) a, elle aussi, été brocardée. « Politiquement orientée », elle est synonyme d’aumône organisée, a lancé le Président du Congo, qui a ironisé sur « les subventions au compte-goutte, distillées au rythme des intérêts propres des donateurs ». Le dirigeant du Burundi a dit ressentir aussi de la « mauvaise foi » dans cette forme d’aide, puisqu’en parallèle, les ressources offertes pour assurer la relance de son pays –et son indépendance économique- régressent.
Sur le plan de la gouvernance, il n’a pas échappé au Président de la Guinée qu’après la pandémie de COVID-19, l’Afrique est aujourd’hui frappée par une « épidémie de coups d’État », en particulier les pays francophones du sud du Sahara.
Il l’a expliquée par des promesses non tenues, par l’apathie de la population et le « tripatouillage des constitutions » aux dépens des intérêts nationaux, ainsi que par la mauvaise répartition de la richesse.
Dénonçant l’héritage politique des pays colonisateurs et l’imposition insidieuse et inefficace du modèle démocratique aux Africains, il n’en a pas moins mis en garde ses homologues contre la corruption des élites africaines.
Car le putschiste, a glissé le dirigeant guinéen, n’est pas seulement celui qui prend les armes pour renverser un régime, mais également ceux, « plus nombreux », qui ont recours à la duplicité pour « manipuler la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir ».
Lors de son intervention, le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, a exprimé exprimer inquiétude quant à l’état « peu reluisant » du monde.
Il a énuméré les multiples défis auxquels fait face l’Afrique et en particulier son pays, le Togo. Dans la litanie de « vulnérabilités », la plus préoccupante est selon lui le terrorisme, que le gouvernement togolais entend combattre avec une stratégie multisectorielle, conciliant les approches sécuritaires et de développement.
Insistant sur le pacifisme profond du Togo, M. Dussey a appelé à la cessation des hostilités dans les différents foyers de tension dans le monde et en particulier en Afrique de l’Ouest, avant de dénoncer les ingérences extérieures.
« Les ingérences ne sont plus les bienvenues dans une Afrique qui a conscience de ses propres responsabilités », a-t-il clamé.
Il a réaffirmé que l’Afrique cherche des relations fondées sur l’égalité et le respect mutuel. « La réalité du monde, c’est qu’il n’a plus de centres de gravité monopolistique. Le centre du monde est désormais ici et nulle part ailleurs », a-t-il déclaré, précisant que
Pour Robert Dussey, la réforme de « l’architecture multilatérale mondiale » a été identifiée comme un sujet clef du prochain (neuvième) Congrès Panafricain de 2024, prévu à Lomé.
Selon le Ministre, l’Afrique doit éviter de s’impliquer dans des rivalités extérieures et se concentrer sur ses propres combats, qui sont, entre autres, « la lutte contre le néocolonialisme, la lutte contre la pauvreté, l’industrialisation du continent et la prospérité économique, le combat pour la paix, la lutte contre la désafricanisation de l’Afrique et pour la renaissance africaine et la dignité ».
En conclusion, il a répété sa fatigue face au paternalisme, au mépris, à la condescendance et à l’arrogance.