Toutes les six secondes, un enfant meurt de faim dans le monde: pour combattre cette tragédie, une soixantaine de chefs d'Etat participent à partir de lundi à Rome à un sommet de la FAO.
Outre le pape Benoît XVI, des chefs d'Etats venus surtout d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine ont répondu à l'invitation de l'organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO).Parmi eux, le président du Togo, Faure Gnassingbé, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et le président brésilien Lula.
Du côté des pays du G8, seule l'Italie sera représentée par son chef du gouvernement, Silvio Berlusconi.
Pour Jacques Diouf, directeur général de la FAO, "le combat contre la faim peut être remporté".
Mais "né au forceps", ce sommet sur la sécurité alimentaire est né dans un "climat de grand scepticisme", les puissances occidentales plaidant pour un changement de stratégie dans la lutte contre la faim, selon une source diplomatique latino-américaine.
En juin 2008, les pays membres de la FAO s'étaient engagés à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici à 2015. Depuis, ce chiffre est passé de 850 millions à 1,02 milliard.
Le journal de la Conférence épiscopale italienne Avvenire a prévenu contre un "risque d'échec" craignant "une assiette vide au sommet de la FAO", tandis que le maire de Rome, Gianni Alemanno, s'est déjà déclaré "déçu" par le projet de déclaration finale.
Aucun nouvel engagement chiffré ne figure en effet dans ce texte d'une quarantaine d'articles, notamment pas les 44 milliards de dollars annuels pour l'agriculture, jugés nécessaires par la FAO.
Les auteurs de la déclaration se contentent de saluer la promesse des membres du G8 à l'Aquila en juillet dernier de mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans contre la faim, et de demander que "ces engagements soient honorés".
Les organisations d'aide au développement ActionAid et Oxfam ont dénoncé par avance un sommet qui "risque d'être un gaspillage de temps et d'argent".
Pour sensibiliser l'opinion, Jacques Diouf a lancé une pétition en ligne et appelé à une grève de la faim de 24 heures. Lui-même affirme avoir jeûné "par solidarité", de même que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, arrivé dimanche dans une capitale déjà bouclée par un millier de policiers et carabiniers.