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Blanchiment : l’immobilier sous surveillance renforcée

Longtemps considéré comme un levier de croissance, le secteur immobilier est désormais au cœur des préoccupations sécuritaires en Afrique de l’Ouest. En cause : sa vulnérabilité croissante face aux activités de blanchiment d’argent.

Obligation de déclaration pour les notaires © republicoftogo.com

Longtemps considéré comme un levier de croissance, le secteur immobilier est désormais au cœur des préoccupations sécuritaires en Afrique de l’Ouest. En cause : sa vulnérabilité croissante face aux activités de blanchiment d’argent.

Conscients de l’ampleur du phénomène, les acteurs régionaux se sont réunis lundi à Lomé, à l’initiative du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), pour identifier les failles du secteur et proposer des réponses concrètes.

Les travaux ont mobilisé des experts financiers, des représentants des cellules de renseignement, des acteurs de la chaîne immobilière et des régulateurs nationaux. Objectif : élaborer une stratégie coordonnée pour mieux prévenir et détecter l’infiltration de capitaux douteux.

« Cette rencontre représente une étape cruciale dans notre lutte commune », a souligné Akuitem Tchaa-Bignozi, président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Il insiste sur l’importance d’un encadrement plus strict pour un secteur devenu l’une des voies privilégiées de blanchiment dans la sous-région.

Des lacunes législatives et structurelles

Selon les analyses du GIABA, plusieurs failles contribuent à cette vulnérabilité : absence de cadre juridique adapté, manque de supervision, contrôle insuffisant et quasi-inexistence de sanctions à l’encontre des acteurs défaillants.

« Beaucoup utilisent l’immobilier pour dissimuler l’origine illicite de leurs fonds. Ils achètent, construisent ou revendent des biens en toute discrétion, échappant ainsi aux mécanismes classiques de contrôle », a rappelé Akuitem Tchaa-Bignozi.

Les échanges ont permis de dégager des pistes pour renforcer la résilience du secteur, notamment par une meilleure traçabilité des transactions, la formation des acteurs, le renforcement des sanctions et la création d’une autorité de supervision dédiée.

Cette initiative marque une volonté claire : faire de la lutte contre le blanchiment un enjeu transversal, à la fois économique, juridique et sécuritaire.

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Comment fonctionne le blanchiment via l’immobilier ?

Investissements dans l’achat de biens
Des fonds illicites sont utilisés pour acheter des terrains, maisons, immeubles ou locaux commerciaux. Ces transactions sont parfois effectuées en espèces ou via des prête-noms pour masquer l’origine réelle des fonds.

Construction ou rénovation de bâtiments
Le blanchisseur investit dans la construction ou la rénovation d’un bien immobilier. Le processus permet de transformer de l’argent sale en patrimoine « propre » difficile à retracer.

Revente avec plus-value artificielle
Le bien peut ensuite être revendu à un prix supérieur, légitimant ainsi des profits issus d’activités illégales.

Location de biens pour générer des revenus réguliers
Cela permet de justifier des rentrées d’argent apparemment licites et régulières.

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