Le gouvernement devrait examiner fin avril un projet de loi concernant la création d’une île artificielle au large de Lomé (à 1,2km de la côte).
Ce projet urbain consiste en la création d’une île artificielle de 8km2 avec hôtels, logements, commerces, bureaux, équipements sportifs, services, centre de conférence (2.000 places) et port maritime pour désengorger le PAL (Port autonome de Lomé).
La structure urbaine de l’ile est conçue sur l’idée de ‘quartier’ regroupant les différentes typologies de surfaces pour faciliter l’organisation générale et pour créer un esprit d’appartenance grâce aux caractéristiques urbaines et architecturales de chaque quartier.
Afin de rendre le projet possible, les autorités ont décidé de créer récemment une Zone économique exclusive (ZEE).
L’urbanisation galopante oblige les pouvoirs publics à inventer de nouvelles solutions.
Le projet de l’architecte croate, Dragan Nikolic, n’est pas de construire cette île juste pour montrer que c’est un défi réalisable.
C’est une zone économique qu’il espère fournir en potentialités. La partie ludique sera donc très importante puisqu’elle permettra d’attirer les touristes et de leur proposer des divertissements. Il y aura des commerces, des complexes hôteliers, des restaurant et un casino.
Un quai spécial permettra aux bateaux de croisière d’accoster.
L’île sera reliée à la terre ferme par un réseau de navettes et de ferry pour une traversée de quelques minutes ou par un pont. Mais cette deuxième hypothèse suscite déjà l’hostilité des ONG de défense de l’environnement.
Les autorités entendent également créer un pôle bancaire offshore susceptible d’attirer les grands groupes financiers européens et américains confrontés à la fin du secret bancaire dans certains pays d’Europe et des Caraïbes.
Ce nouveau paradis fiscal pourrait générer d’importantes recettes pour l’Etat.
Première île du genre en Afrique
Evidemment, lorsqu’on parle d’un tel projet, la question est toujours de savoir s’il est réalisable. Et puisqu’on ne peut s’empêcher de retourner à la comparaison avec les îles flottantes de Dubaï, on repense au temps, aux moyens, et surtout à l’argent qu’il a fallu pour réaliser cette idée. Pour l’architecte, le plus dur c’est l’acceptabilité du projet, de convaincre toutes les autorités de sa pertinence.
Pour cela, Dragan Nikolic est sur la bonne voie, car il a déjà l’accord de la préfecture maritime et de plusieurs ministres.
Par ailleurs, l’architecte croit que la technologie nécessaire est disponible puisque l’ile demandera moins de moyens que celle de Dubaï.
Les bailleurs de fonds semblent favorables à la construction de la première île de ce genre au Togo.
La Banque africaine de développement, le Fonds koweïtien pour l’habitat, la Banque panarabe d’investissement, la KfW (Allemagne) et la BOAD font d’ores et déjà partie du pool d’investisseurs aux côtés du Chinois Tran Ko Kin, leader mondial de la logistique, et de la Société financière internationale (Banque mondiale).
L’investissement total n’a pas été annoncé officiellement, mais il devrait avoisiner 2,6 milliards de dollars.
Pour Ninsao Gnofam, le ministre des Infrastructures et des Transports, l’île artificielle s’inscrit dans la vision de faire du Togo un Singapour de l’Afrique.
Le pays ambitionne, en effet, de devenir un pôle régional de services, financiers notamment, et un hub portuaire de réexportation. Autre priorité, relancer le tourisme jadis florissant.
Enfin, Lomé veut profiter du boom du marché de la croisière pour faire de Lomé une escale de choix.
Ce projet correspond très exactement à la stratégie de la BAD et à celle d’Africa50, la nouvelle plate-forme innovante d’investissement dans les infrastructures soutenue par la Banque, souligne Akinwumi Adesina, le président de l’institution.
Reste maintenant au gouvernement à franchir toutes les étapes légales, à boucler le budget et à lancer les travaux.
Selon des sources proches du dossier, l’île artificielle pourrait être inaugurée fin 2020.