Abdoulaye Bio-Tchané, président du Groupe des gouverneurs africains, et Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), ont co-présidé dimanche la réunion du Groupe consultatif africain qui s’est tenue à Washington.
Du fait de la dégradation de l'environnement économique extérieur et, en particulier, de la forte baisse des prix des produits de base, ainsi que du durcissement des conditions financières, la croissance en Afrique devrait tomber aux environs de 3 % en 2016, soit le niveau le plus bas depuis longtemps. Cependant, les taux de croissance varient largement d'un pays à l'autre : ainsi, les pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne continuent d'enregistrer une croissance supérieure à 5½ %, souligne un communiqué publié à l’issue de la réunion.
C’est effectivement le cas pour le Togo dont le taux devrait frôler les 6% en 2016.
‘Nous sommes convenus que la baisse des prix des produits de base durera probablement longtemps, car les causes semblent structurelles plutôt que temporaires, y compris le rééquilibrage en cours de la demande en Chine et, dans le cas du pétrole, les innovations technologiques qui ont accru l'offre. Nous avons constaté aussi que des chocs non économiques, liés par exemple au climat ou à la sécurité, constituent des risques pour les perspectives économiques de l'Afrique’, ont déclaré Mme Lagarde et M. Bio-Tchané.
Dans ce contexte, estiment ces derniers, un ajustement budgétaire rapide s’impose d’urgence pour préserver la stabilité macroéconomique et reconstituer les marges de manœuvre dans l’ensemble de la région, et surtout dans les pays exportateurs de pétrole.
Les autorités nationales doivent viser, en procédant à cet ajustement, à protéger les dépenses prioritaires, telles que les dépenses sociales et des dépenses d'infrastructures efficientes dont l'ordre de priorité est bien établi, pour veiller à ce que les objectifs de développement à plus long terme restent réalisables.
Au-delà des ripostes immédiates, il est nécessaire de relancer les programmes de diversification économique. Des réformes structurelles plus énergiques doivent s’imposer pour améliorer le climat des affaires et le fonctionnement des marchés du travail et des capitaux et développer les échanges commerciaux.
L’investissement public ayant grandement contribué à préserver une croissance économique positive pendant une période très difficile, il est particulièrement impératif de ne pas ralentir brutalement l’élan donné à l’économie par l’investissement public et privé, a indiqué Abdoulaye Bio-Tchané.
Dans ce contexte, les pays africains attendent du FMI non seulement qu’il reste bien présent à leurs côtés, mais aussi qu'il adapte ses instruments et son aide financière à l'ampleur des chocs subis.
L'un des moyens serait d'accroître l'accès des pays à faible revenu aux ressources générales du FMI. A terme, dans la perspective de la réalisation des objectifs de développement durable, il est important que les gouvernements maintiennent la stabilité macroéconomique, renforcent les institutions et le climat des affaires, corrigent les graves déficits d’infrastructure, élargissent l’accès aux services financiers et veillent à ce que la croissance soit généralisée et inclusive.
Le Groupe consultatif africain rassemble les Gouverneurs du FMI pour 15 pays africains représentés au sein du Groupe des gouverneurs africains, et la direction du FMI. Il a été créé en 2007 pour renforcer le dialogue entre le FMI et le Groupe des gouverneurs africains. Le Groupe consultatif africain se réunit lors des réunions de printemps, tandis que la Direction du FMI rencontre tous les membres du Groupe des gouverneurs africains lors des assemblées annuelles.