Telles sont les conclusions du rapport ‘Perspectives économiques en Afrique 2016’, publié lundi à l’occasion des Assemblées de la Banque africaine de développement (BAD) à Lusaka.
Les performances économiques de l'Afrique se sont maintenues en 2015, en dépit des turbulences mondiales et des chocs régionaux, souligne l’étude.
Le continent est resté la région économique du monde qui a enregistré la deuxième plus forte croissance, derrière l'Asie de l'Est. D'après les prévisions prudentes du rapport, la croissance moyenne du continent devrait rester modeste, à 3.7 % en 2016, avant de se redresser à 4.5 % en 2017, sous réserve d'un renforcement de l'économie mondiale et d'une remontée progressive des prix des produits de base.
Au Togo, les prévisions tablent sur 5,9%.
En 2015, les flux financiers nets en direction de l'Afrique ont été estimés à 208 milliards de dollars, soit 1.8 % de moins qu'en 2014 sous l'effet d'une contraction de l'investissement.
A 56 milliards en 2015, l'aide publique au développement a toutefois augmenté de 4 %, les envois de fonds restant la source de financement extérieure la plus stable et la plus importante, à 64 milliards en 2015.
Le continent connaît un rythme d'urbanisation inégalé dans son histoire, associé à une croissance démographique sans précédent : la population urbaine a doublé entre 1995 et 2015, année où elle a atteint les 472 millions d'habitants. D'après le chapitre thématique spécial du rapport, ce phénomène est différent de ceux qu'ont connus d'autres régions, telles que l'Asie, et s'accompagne d'une lente transformation structurelle.
Les auteurs estiment que l'absence de planification urbaine a entraîné une urbanisation sauvage coûteuse. À Accra, au Ghana, par exemple, la population a presque doublé entre 1991 et 2000, passant de 1.3 million à 2.5 millions d'habitants - soit une hausse de 92 %, et un taux de croissance annuel de 7.2 %. Le ratio population/terres bâties est par conséquent passé de 132 habitants/ha à 90 habitants/ha, avec un taux annuel moyen de 4.6 %, beaucoup plus élevé que la moyenne mondiale, qui s'est établie à 2.1 % au cours de la même période.
L'urbanisation est une mégatendance qui modifie en profondeur les sociétés africaines. Deux tiers des investissements dans les infrastructures urbaines nécessaires à l'horizon 2050 doivent encore être faits. Des politiques urbaines nouvelles et de vaste portée sont nécessaires pour transformer les villes africaines en moteurs de croissance et de développement durable à l'échelle du continent.
A condition d'être encadrée par des politiques appropriées, l'urbanisation peut contribuer à faire progresser le développement économique par la hausse de la productivité agricole, l'industrialisation, l'essor de la classe moyenne et ses répercussions bénéfiques sur les services, et l'investissement direct étranger dans les corridors urbains. Elle peut également promouvoir le développement social grâce à un habitat urbain plus sûr et inclusif, et des systèmes robustes de protection sociale.
Investir massivement dans les infrastructures urbaines
Enfin, elle peut favoriser une saine gestion environnementale en remédiant aux effets du changement climatique ainsi qu'à la rareté en eau et en autres ressources naturelles, en agissant sur la pollution atmosphérique, en développant des systèmes de transports publics propres et d'un bon rapport coût-efficience, et en améliorant la collecte des déchets et l'accès à l'énergie.
Cette approche consiste notamment à investir massivement dans les infrastructures urbaines, à améliorer la connectivité avec les zones rurales, à améliorer l'adéquation entre les marchés de l'immobilier et la demande de logements en précisant les droits fonciers, à encadrer la croissance des villes intermédiaires et à améliorer la fourniture des infrastructures et des services au sein des villes et entre ces dernières. Ces investissements doivent s'accompagner d'emplois formels productifs - en particulier pour les jeunes - et de biens publics en quantité suffisante.
En 2015, quelque 879 millions d'Africains vivaient dans des pays à faible développement humain, alors que 295 millions d'entre eux vivaient dans des pays affichant un niveau moyen ou élevé de développement humain.
Les jeunes sont particulièrement touchés par la lenteur des progrès en matière de développement humain. En Afrique subsaharienne, neuf jeunes en activité sur dix sont pauvres ou quasi-pauvres.
D'après les Perspectives 2016, des réformes courageuses des politiques et des initiatives ambitieuses de planification seront nécessaires pour récolter les fruits de l'urbanisation.
Il est par exemple essentiel d'adapter les stratégies urbaines nationales aux contextes spécifiques et à des réalités urbaines diverses. Il sera en outre impératif de mettre à profit les nouveaux instruments de financement. Les initiatives en cours visant à promouvoir des systèmes efficients de gouvernance à plusieurs niveaux, notamment la décentralisation, le renforcement des capacités et l'amélioration de la transparence, doivent être renforcées.