Après avoir été privé d'aide substantielle de l'Union européenne (UE) depuis 1993 pour "déficit démocratique", le Togo est désormais rentré dans un cadre normal de coopération avec Bruxelles suite aux avancées enregistrées, notamment en matière de respect des droits de l'Homme. "L'UE a décidé de rétablir une coopération pleine et entière", avait annoncé vendredi le chef de la délégation de la Commission européenne à Lomé, Filiberto Sebregondi.
M. Sebregondi a précisé que Bruxelles mettait ainsi fin à des sanctions prises notamment en 2004 en vertu de la Convention de Cotonou de 2000 régissant les relations entre l'Union et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et dont l'article 96 traite du respect "des droits de l'Homme, des principes démocratiques et de l'Etat de droit"."Le Togo vient de tourner une page de son histoire", s'est réjoui ce week-end le ministre de la Coopération Gilbert Bawara.
Le Togo a été tenu à l'écart des 8ème et 9ème Fonds européens de développement (FED) et les différentes actions en direction des populations - en vertu du principe de "non pénalisation" - étaient financées sur les reliquats disponibles des 6ème et 7ème FED, ainsi que sur des fonds Stabex, créés par les Conventions de Lomé pour aider les pays touchés par certaines baisses de recettes.
Plusieurs autres bailleurs de fonds dont la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI), l'Allemagne, les Etats-Unis, la Chine et le Japon n'ont plus mené depuis plusieurs années d'opérations de grande envergure.
L'élément déclencheur de ce processus de normalisation a été donné le 14 avril 2004 à Bruxelles lorsque le régime de l'ancien président Gnassingbé Eyadéma -décédé en février 2005- a souscrit à des engagements, après trois mois de consultations bilatérales.
Lomé a alors pris 22 "engagements démocratiques" dont celui d'organiser un dialogue direct avec l'opposition.
On a cru un moment qu'après son ouverture solennelle en mai 2004, le dialogue entre le pouvoir et les principaux partis d'opposition dont l'Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio, allait s'enliser comme lors des précédentes tentatives, notamment après le décès du général Eyadéma.
Mais relancées en avril 2007 par Faure Gnassingbé, l'un des fils du président défunt arrivé au pouvoir en avril 2005, les discussions ont finalement abouti le 20 août à Lomé à la signature d'un "accord politique global".
"Beaucoup de choses ont changé dans notre pays. Je pense que nous pouvons encore mieux faire si chacun met un peu d'eau dans son vin", estime un politicien d'opposition.
Malgré une arrivée au pouvoir controversée et violente en avril 2005 - les militaires avaient d'abord tenté de l'installer sans élection dans le fauteuil paternel - Faure Gnassingbé a réussi en moins de deux ans à décrisper le climat politique.
Le principal acte posé par le "jeune" (comme l'appellent souvent le Togolais) était la nomination en septembre 2006 comme Premier ministre de Yawovi Agboyibo, un vieil opposant emprisonné pendant six mois par son père.
"Les signes d'une normalisation complète des relations UE/Togo étaient déjà visibles bien avant les dernières législatives", a confié un diplomate à Lomé.
La tendance à une reprise des relations a été accentuée à la suite des élections législatives du 14 octobre considérées comme "transparentes" et "démocratiques" par l'ensemble des observateurs internationaux.
La bonne tenue de ce scrutin était ces derniers mois la dernière condition posée par Bruxelles pour reprendre le chemin de Lomé.