Les assemblées de printemps du Fonds monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale (BM) s'ouvrent samedi à Washington ; rencontre des grands argentiers de la planète confrontés à l'une des plus graves crises économiques depuis 1929.
Le Togo participe à ces réunions. Le ministre de l'Economie et des Finances, Adji Othèth Ayassor, se trouve dans la capitale fédérale américaine depuis le début de la semaine pour des rencontres avec les responsables des deux institutions qui ont repris l'année dernière leur coopération avec Lomé. Mardi, le FMI et la BM ont annoncé une nouvelle série d'aides d'un montant de 46,6 millions de dollars. Des sommes destinées à accompagner les réformes structurelles et institutionnelles. Republicoftogo.com : Vous venez de signer deux nouvelles conventions avec le FMI et la Banque mondiale. Sur quoi portent-elles précisément ?
Adji Othèth Ayassor :
Le FMI et la Banque mondiale ont accordé au Togo respectivement 13 milliards de Fcfa au titre du programme de relance économique et 10 milliards pour la "Relance Economique et la Gouvernance" (DREG-2). Six milliards seront consacrés à la microfinance à la relance du secteur bancaire et au soutien à la caisse de retraite. J'ai signé jeudi ces conventions à Washington. Le Togo va bientôt encaisser ces montants qui vont permettre de lancer les différents projets.
Republicoftogo.com : Quel est le sentiment général du FMI et de la Banque mondiale à l'égard des réformes entreprises par le Togo ?
Adji Othèth Ayassor :
Ces institutions sont très rassurées. D'ailleurs, les officiels de la Banque mondiale avec qui j'ai signé m'ont dit que « Dès que l'on parle du Togo, tout le monde court ». Ils ont indiqué que les performances du Togo dans la mise en Œuvre des réformes sont, je les cite, « exceptionnelles ». Ce sont leurs termes exacts.
Le pays est d'ailleurs cité en référence par les officiels du FMI lors des conférences internationales. Ils parlent du Togo comme une « success story » en matière de réformes. Deux pays sont d'ailleurs généralement cités en exemple ; il s'agit du Togo et du Liberia.
Nos partenaires saluent, de manière générale, la rigueur avec laquelle la chose publique est désormais gérée au Togo, notamment la discipline budgétaire et l'assainissement des finances publiques.
Tout cela est très encourageant et je suis personnellement heureux de constater que tous les efforts consentis par les autorités sont aujourd'hui récompensés. Cela nous donne le courage d'aller encore plus loin dans la mise en Œuvre des réformes. Et je dois saluer ici l'action du chef de l'Etat qui a initié ce grand changement.
Qu'attendez-vous des Assemblées de printemps du FMI et de la BM qui débutent samedi ?
Adji Othèth Ayassor :
Nous allons évoquer les problèmes liés à l'économie mondiale, la crise financière, la récession économique, l'impact négatif sur l'ensemble des pays et particulièrement sur ceux du Tiers monde.
Les deux institutions sont en train d'envisager un renforcement des aides en faveur des Etats les plus pauvres. Et puis, il y a aussi la question de la meilleure gouvernance interne des institutions.
Le programme de ces Assemblées est donc très chargé.
A propos des aides du FMI et de la Banque mondiale
Le FMI décaisse 26,6 millions de dollars en faveur du Togo
Le Fonds monétaire international a achevé mardi l'étude des performances économiques du Togo au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Au terme de ce nouvel examen de bonne conduite, le FMI va décaisser immédiatement 26,6 millions de dollars en faveur de Lomé, ce qui portent les décaissements à un total de 72,9 millions de dollars.
Sur les trois prochaines années, le soutien du Fonds devrait se situer à environ 109 millions de dollars.
Pour Murilo Portugal, le directeur général adjoint du FMI, « Le Togo est parvenu à maintenir le cap des réformes et a réaliser des progrès substantiels, malgré les impacts négatifs de la crise internationale et des inondations qui ont frappé le pays l'année dernière ». Le responsable note toutefois que le Togo ne sera pas épargné par la récession mondiale.
La BM accorde un don de 20 millions de dollars
Le Conseil d'administration de la Banque mondiale (BM) a approuvé mardi un deuxième Don pour la Relance Economique et la Gouvernance (DREG-2) en faveur du Togo. Il s'agit d'un appui budgétaire de 20 millions de dollars destiné à soutenir les réformes de l'Etat visant à améliorer la gestion financière publique et à restaurer la performance des principales entreprises publiques et des banques.
Le DREG-2 met l'accent sur la poursuite et l'intensification des reformes en matière de politiques de développement initiées par le gouvernement en 2008, pour renforcer la préparation, l'exécution et le contrôle du budget, et la passation des marchés publics.
Le ministère de l'Economie et des Finances est responsable de la mise en oeuvre de ce don.
Voici le communiqué publié par la Banque mondiale
Le Conseil Administration de la Banque mondiale a approuvé ce jour à Washington en faveur de la République Togolaise, un Deuxième Don pour la Relance Economique et la Gouvernance (DREG-2). D'un montant total de 20 millions de dollars US (environ 10 milliards de francs CFA), le DREG-2 fait partie des opérations retenues dans la Note de Stratégie Intérimaire qui a été élaborée par la Banque mondiale en Mai 2008, pour soutenir le Togo sur la période 2008 à 2010. Le Ministère togolais de l'Economie et des Finances est responsable de la mise en Œuvre de ce don.
Tout comme le DREG-1 (approuvé en Mai 2008), le DREG-2 est un appui budgétaire au Gouvernement togolais qui sera débloqué en une tranche et dont l'objectif principal est de soutenir les réformes de l'Etat visant à améliorer la gestion financière publique et à restaurer la performance des principales entreprises publiques et banques. Plus spécifiquement, le DREG-2 met l'accent sur la poursuite et l'intensification des reformes en matière de politiques de développement initiées par le Gouvernement en 2008, pour renforcer (i) la préparation, l'exécution et le contrôle du budget, et (ii) la passation des marchés publics. Le don va également contribuer à améliorer la performance de plusieurs secteurs clés de l'économie, à travers des mesures visant à améliorer la gouvernance et la transparence dans les secteurs du phosphate, du coton, de l'énergie et des finances.
L'approbation de ce don est basée sur l'achèvement d'une série d'actions préalables déjà entreprises par le gouvernement. Au titre de ces actions, l'on peut noter les points suivants :
(i) formulation et suivi du budget : publication sur une base trimestrielle des rapports d'exécution budgétaire pour le budget 2008 ; et soumission du projet de budget 2009 à l'Assemblée Nationale avant la fin de l'année fiscale 2008, en conformité avec les priorités contenues dans le Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ;
(ii) exécution budgétaire : finalisation de l'organisation du Trésor Public selon les directives de l'UEMOA (création de la Paierie Générale, d'une Recette Générale, et d'une Agence Comptable Centrale du Trésor ;
(iii) contrôles budgétaires : création d'une Inspection Générale des Finances dotée de personnel, et placée sous la tutelle du Ministère de l'Economie et des Finances, et nomination d'un Inspecteur Général ;
(iv) passation des marchés publics : adoption par le Gouvernement du Projet de Loi sur la passation des marchés, et transmission à l'Assemblée Nationale, en conformité avec les directives de l'UEMOA ; publication du résumé des contrats publics passés en 2008 dans le journal « L'Entrepreneur » publié par la Chambre de Commerce et d'Industrie ;
(v) secteur coton : des mesures prises pour recouvrer les surfacturations de la Société Togolaise de Coton (SOTOCO) qui ont été confirmées par la Mission de Vérification ; adoption d'un nouveau prix au producteur qui reflète les changements dans les prix internationaux ;
(vi) secteur des phosphates : publication des résultats de la réconciliation des recettes générées de la vente du phosphate au cours de l'année 2007, avec les recettes perçues par le Trésor Public au cours de la même année.
(vii) secteur financier : relèvement la valeur nette des trois banques (BTCI, BIA, UTB) au niveau du ratio prudentiel de l'UMOA, en échangeant les prêts non performants de ces banques par les titres émis par le gouvernement ; et enfin
(viii) secteur énergie : élaboration et adoption d'un contrat de performance de 5 ans entre l'Etat et la Compagnie d'Energie Electrique du Togo (CEET).
Pour le Représentant résident de la Banque mondiale au Togo, Joseph Baah-Dwomoh : « Le système de gouvernance et de transparence que le Gouvernement togolais est en train de mettre en place, et que nous soutenons à travers ce nouveau don, doit constituer la fondation de la relance économique. Dans cette période difficile de crise financière internationale, il est important d'accroître la confiance dans la gestion financière et économique pour aider le pays à faire face aux chocs extérieurs, et encourager les partenaires à augmenter leur soutien à l'économie togolaise. Dans ce cadre, nous encourageons le Gouvernement à poursuivre les réformes déjà entreprises et à les intensifier, afin d'arriver dans un proche avenir au point d'achèvement de l'Initiative PPTE pour bénéficier de l'effacement de sa dette multilatérale. Le pays pourra ainsi dégager des ressources nécessaires pour la croissance et la réduction de la
pauvreté ».
En photo : le ministre togolais de l'Economie et des Finances, Adji Othèth Ayassor