Les autorités britanniques continuaient à vérifier dimanche si le jeune Nigérian inculpé pour avoir tenté de faire exploser un avion aux Etats-Unis entretenait des contacts avec des extrémistes présumés sur leur territoire.
La police et les services de renseignement britanniques ont commencé à éplucher le passé d'Umar Farouk Abdulmutallab, un musulman de 23 ans du nord du Nigeria, fils d'un riche banquier nigérian. Il avait obtenu un diplôme en ingénierie mécanique de l'University College London (UCL), à l'issue de trois années d'étude entre 2005 et 2008.
Depuis samedi, l'unité antiterroriste de Scotland Yard a mené plusieurs perquisitions dans le centre de Londres, en particulier dans un luxueux bâtiment à Mansfield Street, dans le quartier chic de Marylebone proche de l'UCL, où Abdulmutallab aurait résidé.
Le MI5, les services de renseignements intérieurs, ont également cherché à retrouver des traces du jeune homme. "Evidemment, le MI5 regarde ses dossiers pour voir si Abdulmutallab était connu d'eux", a déclaré au Daily Telegraph une source gouvernementale. "Ils voudront savoir qui sont ses associés et quel rôle, s'il y en a un, ils ont joué dans l'attentat".
Selon un article de l'hebdomadaire dominical Sunday Times, confirmé à l'AFP par une source gouvernementale, le Nigérian s'était vu refuser en mai un visa pour retourner au Royaume-Uni, parce que l'établissement où il prétendait vouloir étudier était jugé factice.
Aux Etats-Unis, Abdulmutallab était inscrit depuis novembre dans une vaste base de données officielle de 550.000 personnes susceptibles d'avoir un lien, quel qu'il soit, avec le terrorisme, mais il n'était pas classé parmi les 4.000 personnes interdites de vol vers ce pays, selon un haut responsable américain.
D'anciens camarades ont exprimé leur surprise qu'Abdulmutallab, décrit par un de ses anciens professeurs à la British School au Togo comme un étudiant "très brillant" aux idées radicales, se soit livré à pareille entreprise.
"Il était très religieux. Quand nous étudions, il sortait toujours pour aller prier", a raconté à The Independent on Sunday Fabrizio Cavallo Marincola, qui a étudié avec lui à UCL. "J'ai vraiment été choqué quand j'ai vu les infos. Vous ne l'auriez jamais imaginé faire un truc comme ça."
Cette nouvelle tentative d'attentat survient alors que le Royaume-Uni a tout fait ces dernières années pour se débarrasser de l'étiquette d'asile à extrémistes qu'il portait jusqu'au début des années 2000. Londres était alors surnommée le "Londonistan", en référence à la mouvance islamiste radicale que la capitale britannique abritait encore.
Plusieurs des "prêcheurs de la haine", ces imams aux sermons outranciers qui avaient pendant longtemps été tolérés, ont été emprisonnés ou expulsés. Mais le pays est resté un vivier à terroristes.
L'un des plus connus est le Britannique Richard Reid qui avait tenté de faire exploser un vol Paris-Miami en dissimulant un explosif dans sa chaussure, le 22 décembre 2001.
Plus récemment, en septembre 2009, trois islamistes vivant au Royaume-Uni ont été condamnés à la prison à vie pour avoir voulu faire exploser des avions au-dessus de l'Atlantique au moyen d'explosifs liquides en 2006, des attentats qui auraient été comparables à ceux de 11 septembre 2001 selon la justice.
Abdulmutallab, passager du vol 253 de Nortwest Airlines, a été inculpé samedi pour avoir tenté le jour de Noël de détruire un Airbus A330 reliant Amsterdam à Detroit, dans le nord des Etats-Unis, avec 278 passagers et 11 membres d'équipage à bord.