L'hebdomadaire L'Union paru jeudi revient sur la revalorisation du Smig décidée par le gouvernement en milieu de semaine et sur l'augmentation des prix des produits pétroliers mettant ainsi fin à une politique de subvention qui a atteint des limites. Le journal revient également sur l'attribution de la concession de l'activité conteneurs du port de Lomé à la société Getma, en lieu et place d'Ecomarine. Selon L'Union, le bilan d'Ecomarine est désastreux et les projets d'infrastructures annoncés n'ont jamais connu de mise en Œuvre réelle.
D'ou la décision du gouvernement de retirer la licence pour l'attribuer à Getma, une société privée de manutention implantée au Togo et dans de nombreux pays d'Afrique. Voici une sélection d'articles publiés par L'Union
Décision du conseil des ministres
Le SMIG désormais porté à 28.000 F Cfa
En adéquation avec les préoccupations des centrales syndicales, le gouvernement, réuni mercredi en conseil des ministres, a décidé, entre autres, de relever à 28.000 francs le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). De même que le Salaire minimum agricole garanti (SMAG). Il était temps : le SMIG au Togo a longtemps traîné autour de 13.750 francs, qualifié des plus bas de la sous région. La démarche, avec effet immédiat, répond des conclusions des assises du dialogue social tripartite de 2006, dont nombre de points sont encore à satisfaire. Et beaucoup de temps a passé.
Face à cette lenteur dans la mise en Œuvre des décisions du dialogue, l'Intersyndicale des travailleurs (ISTT) reviendra souvent à la charge. Sa dernière assemblée générale devait réinscrire le SMIG au cahier des doléances, à la valeur de 30.000 francs minimum, lorsque les assises ont dû être reportées sine die le 1er août 2008. Le drame des inondations exige, avance-t-on dans les milieux syndicaux.
Dans les couloirs de la Présidence de la République, on dit être animés de bonne volonté envers les syndiqués. Si ce n'est le poids de la pression du Fonds monétaire international (FMI), qui conseille au Togo, fraîchement sorti de crise, de jouer à la prudence en ce qui concerne les nouvelles charges de l'Etat. Visiblement, Faure et sa suite se sont saignés. Et donc la décision du conseil des ministres est à saluer à plus d'un titre d'autant que le Togo, comme tous les autres pays, n'échappe pas aux effets conjugués de la hausse de prix du pétrole et de la flambée des prix des produits de première nécessité. Reste que les syndicats réclamaient aussi la revalorisation de la grille salariale, pour être conforme avec le SMIG.
Le conseil des ministres a également posé d'autres actes non moins importants. On note la réduction de 10% sur l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) (pour les fonctionnaires) et de 7% sur l'Impôt sur les Société (IS), soit de 37% à 30% pour les industries et de 40 à 33% pour les autres sociétés.
Dorénavant, le fonctionnaire, quelle que soit sa catégorie, est souscrit par l'Etat à une police d'assurance accident corporelle au bénéfice. La pratique était de l'assurer seulement lorsque le fonctionnaire va à une mission à l'étranger. Cette assurance est à présent automatique, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Vie chère et flambée des prix obligent, le gouvernement va étudier la mise en place de magasins-témoins de vente de produits de premières nécessités dans tous les chefs-lieux de préfectures et à Lomé à des prix de référence. Dans le même registre, il maintient au prix actuel les tarifs d'eau et d'électricité malgré la hausse du prix du baril de pétrole.
Les autres mesures sont : l'allocation d'une prime mensuelle de transport de 5.000 francs Cfa à tous les fonctionnaires et agents de l'Etat jusqu'en décembre 2008 et, naturellement, à reconduire dans le budget 2009 ; le paiement de tous les arriérés de pensions dus aux retraités. Et la formalisation par décret de la Commission ad hoc de réflexion créée auprès du Premier Ministre pour trouver des solutions idoines et concertées au phénomène de vie chère.
Augmentation des prix des produits pétroliers
Le gouvernement s'essouffle à 17,8%, 18% et 4,5%
Le suspens n'aura finalement duré que douze jours, à compter de la fin juillet. Pour cause d'intempéries, susurre-t-on. Depuis le 12 août 2008, l'arrêté interministériel n°043/MCIAPME/MEF/MMEE –qui a pris effet le 13 août– fixe les nouveaux prix des produits pétroliers : Essence super sans plomb : 595F le litre, Gasoil : 590F le litre, Mélange 2 temps : 575F le litre. Soit une majoration de 90F. Les prix du pétrole lampant et du gaz domestique sont maintenus respectivement à 370F le litre et 3.500F la bombonne de 12,5 kg. Selon le ministre du Commerce, de l'industrie, de l'artisanat et des petites et moyennes entreprises, Yandja Yentchabré, la décision concernant le pétrole lampant est prise en faveur des populations rurales afin de leur permettre de s'approvisionner à prix réduit par rapport au coût de revient. Pour ce qui est du gaz domestique, la subvention accordée a pour objectif d'encourager son utilisation afin de réduire l'utilisation du bois de chauffe et du charbon par les ménages et d'éviter la déforestation. Et pour permettre aux importateurs de continuer à approvisionner le pays et éviter une pénurie préjudiciable aux activités économiques.
Ceci sonne comme une satisfaction à un souhait de l'Intersyndicale des travailleurs du Togo et de l'Association togolaise des consommateurs qui, devant l'évidence d'une augmentation des prix des produits pétroliers, ont estimé que le pétrole lampant est largement utilisé par les couches défavorisées.
Ainsi, seuls les prix de l'essence super sans plomb, du gasoil et du mélange 2 temps subissent des augmentations respectives de 17,8%, 18% et 4,5% par rapport aux prix fixés depuis 2006. Contre 672F le litre de l'essence super sans plomb, 806F le litre du gasoil, 626F le litre du pétrole lampant, 716F le litre du mélange 2 temps et 13.000F la bombonne de 12,5 kg du gaz domestique, sans la subvention. Tout calcul fait, l'Etat continue d'accorder des subventions à hauteur de 77F sur le litre d'essence sans plomb, 306F sur le litre du gasoil, 256F sur le litre du pétrole, 141F sur le litre du mélange, 9.500F sur la bombonne de gaz. Soit un apport financier de 7,7 milliards de francs CFA au moment où le baril de pétrole se vend à 113 dollars US sur le marché mondial.
En rappel, la dernière révision des prix à la pompe des produits pétroliers au Togo remonte au 1er décembre 2006, au moment où le baril de pétrole se vendait à 60 dollars US. Depuis lors, la situation s'est aggravée avec la flambée persistante des prix du pétrole brut sur le marché international. Le gouvernement, lui, a maintenu les anciens prix compte tenu de la dénonciation faite sur la flambée des prix ; ce qui a constitué une compensation à reverser aux pétroliers. Ainsi, l'intervention de l'Etat pour maintenir les prix à la pompe sur la période janvier - avril 2008 a représenté un manque à gagner d'environ 10 milliards de FCFA pour le budget national. Après le conseil des ministres du 25 mars 2008, le Togo a marqué son début d'essoufflement en ces termes : «il en résulterait, si l'on n'y prend garde, un déséquilibre des prévisions budgétaires de la loi des finances 2008 car l'intervention de l'Etat en matière de soutien au secteur des produits pétroliers a atteint ses limites».
Mais, l'expérience est renouvelée par une autre décision prise le 20 mai 2008 en conseil des ministres. «Pour l'importation actuelle qui couvre la période de mai à juillet 2008, les prix sur le marché international se sont encore envolés. Le prix du baril dépasse aujourd'hui les 124 dollars US. Mais compte tenu de la cherté de la vie, et pour amortir le choc des flambées de prix des produits de première nécessité, l'Etat a pris la décision de soutenir les prix à la pompe des produits pétroliers en les subventionnant de nouveau, les maintenant ainsi à leur niveau de décembre 2006». Soit par litre, une subvention de 152,72F sur le super sans plomb, 207,06F sur le pétrole et 212F sur le gaz oil. Elle coûte à l'Etat la somme de 7,9 milliards.
Au Togo, les prix à la pompe des produits pétroliers sont fixés sur la base du mécanisme d'ajustement automatique des prix des produits pétroliers mis en place le 2 avril 2002 par le gouvernement. Ce système fait varier le prix des carburants à la pompe en fonction des fluctuations de leurs cours mondiaux dans une fourchette de plus ou moins 5% par rapport aux prix de la structure de référence.
Effets des inondations
La mobilisation continue
Entre 11.000 et 20.000 sinistrés, 11 ponts et 11 ponceaux emportés, 4.000 ménages affectés…, c'est ainsi que se présente, de manière ramassée, l'état des lieux lié aux inondations de fin juillet - début août au sud du Togo. Les secours s'organisent pour mettre de l'ordre dans le quotidien des victimes et rétablir la circulation sur les principaux axes routiers affectés.
La période des inondations passée, on en est encore à rassembler des chiffres sur les dégâts causés aux familles, aux cultures, et aux axes routiers et ferroviaires. Les autorités se refusent pour l'instant d'avancer des chiffres formels, une estimation des dommages créés à l'économie nationale et aux ménages. A l'opposé de ce qui se fait habituellement sous d'autres cieux dans de pareilles situations. On crie au secours sans avancer avec exactitude ce dont on a besoin. Ce qui fait dire à cette autorité que les bailleurs de fonds ne se bousculent pas parce qu'il y aurait plus de peur que de drame. Une inquiétude renforcée par les critiques sur la manière de gérer les assistances. Et depuis hier, tout est centralisé au niveau du ministère de la Sécurité sous la coupole du Plan ORSEC, Organisation de la sécurité.
Quelques chiffres
D'après les chiffres provisoires –sur lesquels le Togo s'est fondé début août pour appeler à l'aide internationale–, il y aurait entre 11.000 et 20.000 personnes affectées le long des fleuves Zio et Haho. Des chiffres officiels évoquent 11.030 sinistrés. De fortes pluies enregistrées dans la seconde moitié de juillet ont fait déborder les fleuves Zio et Haho. Résultats : lesdits cours d'eau se débordent et provoquent des inondations dans les villages situés dans leurs bassins, principalement dans les Plateaux et la Maritime, et plus généralement toutes les zones en aval.
Au total, une dizaine de morts ont été enregistrées, dans l'Avé, Kovié, Notsè, Zio, Sotouboua, Kara, dont trois disparus et des blessés graves. Plus de 500 cases ou habitations ont été détruites ou emportées, ainsi que des greniers, principalement dans l'Avé et dans le Zio. Environ 1100 volailles, et plus de 100 têtes de bétail (caprins et porcins) n'ont pu résister à la furie de l'eau, privant ainsi quelque 400 exploitants de leurs précieux biens.
Fort heureusement, les structures sanitaires ont été épargnées, ainsi que les écoles qui servent pour l'instant à héberger les déplacés.
L'on note aujourd'hui une certaine accalmie sur le terrain, avec le retrait progressif de l'eau des localités inondées. Mais après avoir détruit 500 hectares de cultures vivrières dans l'Avé, 257 hectares à Kovié (principalement du riz ainsi que des fleurs) et 50 hectares à Kabou, au nord. A Notsè, dont on ne dispose encore de chiffres précis, des cultures de soja et de coton ont été sérieusement affectées, avec indubitablement des incidences sur la campagne 2008-2009 prévue pour produire 80.700 tonnes de coton graine au Togo.
Solutions à court terme
Pour palier la perte de greniers et de vivres, et par peur de subir les mêmes dégâts, des paysans ont anticipé la récolte de maïs, notamment dans le Haho. Il y a urgence. A court terme, l'aide à apporter aux sinistrés se doit d'aller au-delà des secours d'urgence. La réhabilitation des filières agricoles et d'élevage s'impose. Il est envisagé, par exemple, la fourniture de semences et d'intrants pour la seconde saison qui doit débuter bientôt.
Reste le cas des déplacés à réinstaller. Sûrement pas dans leurs anciennes habitations, le risque de nouvelles inondations n'étant pas exclu avec la saison des pluies en cours au nord du pays. Leur drame est la preuve que la construction des habitations n'obéit à aucune règle de sécurité. A Togblékopé, Kélégougan, Djagblé, Kégué, Klobatème, Attiégou, Adamavo…, des banlieues de Lomé où ont été enregistrés la plupart des sinistrés, des habitations poussent comme des champignons dans des marécages. Souvent avec la complicité de cadres du service des Cadastres, où des documents officiels sont dûment délivrés pour l'acquisition de ces parcelles. Se pose alors la question d'une politique réelle de l'habitat au Togo.
Economie
Projet de terminal à conteneurs au PAL : Ecomarine a manqué à ses engagements
Sur un constat d'échec des engagements pris par le groupe maritime régional Ecomarine, le gouvernement s'est vu contraint la semaine dernière de concéder la manutention des conteneurs au Port autonome de Lomé à Manuport, filiale de GETMA International.
Le 12 janvier 2002 allait naître dans la sous région l'espoir du renforcement de l'intégration économique ouest africaine avec l'inauguration à Lomé de la nouvelle compagnie maritime Ecomarine International. La cérémonie était rehaussée par la présidence de feu Gnassingbé Eyadéma et la présence de l'ancien chef d'Etat nigérian le général Ibrahima Baba N'guida. Et pour cause.
Une ambition démesurée ?
Produit de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Ecomarine International est une compagnie de transport maritime qui s'est donnée pour ambition de «desservir tous les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre». Pour réaliser cette ambition, une plate-forme automatisée – la plus grande au monde, à en croire le directeur de la Compagnie le Togolais Koffi Egbéto –, capable d'accueillir les gros bateaux, devrait être construite au Port Autonome de Lomé, qui deviendra de ce fait un "hub" portuaire pour l'Afrique de l'ouest et du centre. Sa construction coûtera 100 millions de dollars, soit environ 70 milliards de francs Cfa.
Un accord de partenariat avait été signé à cet effet, le 8 novembre 2001 à Accra, au Ghana, entre Ecomarine et Sea Point/USA. Sur cette plate-forme, la moyenne de déchargement des navires sera de 200 conteneurs à l'heure, au lieu de 20 pour un port ordinaire. Et les travaux devraient débuter en mai 2002.
Il est également prévu la construction de 18 ports secs, à raison de trois au Nigeria, deux en Côte d'Ivoire, au Cameroun, en République démocratique du Congo, un au Sénégal, en Guinée- Conakry, en Sierra Leone, au Liberia, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Gabon, au Congo et en Angola. Huit centres de déchargement compléteront cette infrastructure et seront ainsi répartis: deux au Mali, au Niger et au Tchad, un au Burkina Faso et en Centrafrique. Ces ports secs et centres de chargement serviront de lieux de transit des marchandises au départ et à destination d'Europe, des Amériques et d'Asie, via la plate-forme de Lomé d'où Ecomarine se chargera de la ventilation.
Le constat
Six ans plus tard, le bilan parle de lui-même. La plate-forme automatisée demeure encore un mythe. Et la manutention de conteneurs au Port de Lomé va, lui aussi, finalement lui échapper, sur une décision du conseil des ministres le 6 août dernier. Coup de colère ? Peut-être. Il est évident, de toutes les manières, que les autorités sont loin d'être satisfaites. Elles qui comptaient réitérer le rêve de Ecobank.
«…dans le cadre de la réorganisation de l'ensemble des activités portuaires en cours, il est apparu nécessaire de suspendre la licence susvisée pour permettre un réexamen global de la société Ecomarine et des autres activités portuaires. L'activité de manutention de conteneurs est concédée à la société Manuport», indiquait le communiqué du gouvernement.
Et pourtant !
Créée avec le concours de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), de l'Organisation maritime d'Afrique de l'Ouest et du Centre (OMAOC), de l'Association de gestion des ports d'Afrique de l'Ouest et du Centre (AGPAOC), de ECOBANK et des quinze Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), cette compagnie étend sa juridiction sur vingt-sept pays d'Afrique occidentale et centrale. Elle dispose d'un capital de 50 millions de dollars, soit environ 35 milliards de francs Cfa, à investir dans l'acquisition ou l'affrètement de bateaux, l'aménagement des infrastructures et les opérations.
En couvrant les 27 pays des sous régions de l'Afrique de l'ouest et du centre, Ecomarine offrirait aux entreprises de cette zone des perspectives hautement plus importantes, propices à l'éclosion de leurs affaires et à l'intégration économique que les politiques appellent de tous leurs vŒux, soulignait M. Egbéto.
Au siège de la compagnie, à Lomé, on justifiait l'initiative de sa création par la défectuosité des infrastructures routières dans les deux sous régions, avec de nombreux points de contrôle préjudiciables à la libre circulation des biens et des personnes, les coûts prohibitifs du transport aérien encore aggravés par la faillite d'Air Afrique et de certaines compagnies occidentales. On évoquait également l'inexistence de connexions ferroviaires entre les pays, l'inorganisation du transport maritime et les coûts élevés du fret maritime. Aussi, la nouvelle compagnie proposait à sa clientèle trois principaux produits: le feeder services, le cabotage régional et le transport de passagers
Les activités de feeder et de cabotage régional devraient débuter en mai 2002, tandis que le transport des passagers démarrerait en 2003. A cet effet, quatre navires – à raison de deux par ligne – assureraient les liaisons aller/retour Lomé-Dakar et Lomé-Pointe noire, avec des escales dans tous les ports le long des côtes. La demande déterminera la fréquence des voyages. A ce jour, la compagnie desservirait une quinzaine de ports africains avec au départ ses deux navires affrétés "Eco-Zara" et "Eco-Yasmin".
Télécommunications
Le réseau de Togo Télécom en panne
Vous l'auriez sûrement constaté. Les communications sur le réseau fixe de Togo Télécom ne passent pas depuis dimanche. Les communications par les lignes fixes de l'opérateur national sont très perturbées. Selon les informations recueillies, c'est la centrale de Togo Télécom où convergent tous les appels qui a lâché, précisément une des batteries qui est en hors service. Les techniciens sont à pied d'Œuvre pour rétablir la communication. Le directeur général de cette société, en mission au moment où la panne est survenue, serait précipitamment rentré à Lomé pour suivre de près la réparation qui donne toujours du fil à retordre à l'équipe technique, cinq jours après la panne qui cause des millions de francs de pertes par jour à Togo Télécom.
© L'Union du 14 août 2008