Médias

Les « fantassins » de l'UFC prêts à en découdre ?

"On est une armée, les fantassins, c'est les militants. On a besoin des militants pour obtenir les meilleures conditions. Sous la pression populaire, le parti au pouvoir sera obligé de battre en retraite". Celui qui tient ces propos peu rassurants est Jean-Pierre Fabre, le secrétaire général de l'UFC (opposition), dont le parti refuse l'élargissement du CPDC à d'autres acteurs que les formations parlementaires et celles ayant obtenues au minimum 5% des voix lors des dernières législatives. Le bi-hebdomadaire L'Union, paru mardi, s'inquiète et redoute que le parti de Gilchrist Olympio fasse descendre son « armée » dans la rue.

Le journal publie également une interview du Coordinateur national du Collectif des organisations syndicales des taxis motos qui évoque les problèmes de sécurité pour eux-mêmes et pour leurs clients. Voici une sélection d'articles parus dans L'Union

Coopération bilatérale

Le Brésil va offrir son expertise multiforme au Togo

Enfin ! Depuis 20 ans, a-t-on appris, le Togo a toujours cherché à nouer des relations " pratiques " avec le géant brésilien. Elles viennent de se matérialiser par les travaux de la première session de la Commission mixte de coopération brésilo-togolaise, les 16 et 17 mars derniers à Lomé. Présidés, côté togolais, par le ministre de la Coopération Gilbert Bawara et brésilien, par l'ambassadeur Roberto Jaguaribe Gomes de Mattos, les travaux ont porté sur l'examen de domaines de coopération aussi variés que la politique, le commerce, la science et la technique, la culture et le sport,… et le tourisme. Une coopération qui couvre la période 2009-2011.

Sans forcement se voir financer des projets agricoles, le domaine de priorité du gouvernement actuellement, le Togo pourra bénéficier de l'expertise brésilienne : mécanisation agricole, transformation des produits, formation de chercheurs et techniciens, transfert de technologie notamment pour la production locale de biodiesel…

Dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Brésil est disposé à former, surplace ou chez lui, des Togolais pour les niveaux master, doctorat (PhD) et post-doctorat. La coopération universitaire est fortement encouragée, et il est suggéré en cela au Togo de faire le premier pas, étant donné l'autonomie de ses futurs partenaires brésiliens.

Sur le plan commercial, les deux parties comptent établir des relations entre les chambres de commerce, les patronats et, naturellement, entre les associations professionnelles. Ceci implique, éventuellement, la participation des opérateurs économiques à des foires et expositions, l'échange de missions économiques entre les deux pays et le renforcement des capacités des cadres togolais. Le Brésil s'est par ailleurs engagé à consolider la balance commerciale, constamment déficitaire, avec le Togo. Il est attendu que ce dernier soumette un projet d'accord commercial.

Désireux, du côté politique, d'intensifier des relations cordiales et de promouvoir l'entente et la coopération entre les deux pays, le Togo et Brésil ont conclu un Mémorandum d'Entente relatif à l'établissement d'un mécanisme de consolidation politique sur le développement d'intérêt commun.

Dans le domaine de santé, il est entre autres sollicité l'expertise brésilienne de formation de cadres, en prise en charge intégrée de la mère et du nouveau-né et, évidemment, de la fourniture de produits antirétroviraux (ARV) pour les soins des malades du Vih/Sida. Le Brésil pourrait intervenir, mais en cas de nécessité urgente. En revanche, il se propose de soumettre au Laboratoire Fiocruz le souhait de son partenaire de pouvoir disposer des ARV à de coûts concurrentiels. Le Togo entend également bénéficier de la délocalisation d'industries pharmaceutiques brésiliennes, ce dont bénéficient déjà d'autres pays.

C'est un large spectre de sollicitations qui seront couvertes par cette nouvelle coopération entre pays du Sud. Et le Brésil a des compétences à mettre au service de ses partenaires en développement. A l'instar de l'Inde ou la Chine, l'émergence du  pays force l'admiration et le respect sur le plan mondial.

Fin de la mission des administrateurs de la Banque mondiale

Les administrateurs de la Banque Mondiale en mission au Togo la semaine dernière, sont partis satisfaits des efforts accomplis par l'ensemble des acteurs du développement du pays, y compris le gouvernement dont les réactions seront déterminantes dans l'accompagnement de l'institution onusienne à notre pays.

Le constat

Arrivée à Lomé le jeudi dernier, la mission des administrateurs de la Banque Mondiale a parcouru le Togo pour palper le niveau de réalisation des différents projets de développement que l'institution soutient et faire un contact direct avec les populations au centre desdits projets. Au bout de trois journées marathon, les administrateurs se sont réjouis des avancées considérables sur  l'exécution de la quasi majorité de ces projets. Seulement, tout cela reste insuffisant d'autant plus que les problèmes des Togolais constatés sur le terrain s'accroissent de façon exponentielle. Ils ont eu le temps de percevoir les effets néfastes de la crise économique et financière mondiales sur les populations et surtout les dégradations des infrastructures sociales, sanitaires, agricoles, énergétiques et routières du pays. De façon générale, ils ont perçu de visu le niveau de vie très bas des différentes couches sociales.     

La mobilisation

La mission a porté une attention particulière sur les secteurs clés du développement au Togo. Tout en mettant l'accent sur nos atouts économiques à savoir le Port Autonome de Lomé avec son eau profonde, l'agriculture, le commerce, l'énergie, entre autres, les administrateurs de la Banque Mondiale semblent donner tacitement des indications sur les secteurs prioritaires qui nécessitent des actions urgentes. Ils ont également évoqué le rôle prépondérant du secteur privé dans notre relance économique. Logiquement un regard pointilleux a été réservé aux besoins sociaux et vitaux des ressources humaines tels que l'accès à l'eau potable, les soins médicaux primaires, etc. Aussi ont-ils soulevé leurs inquiétudes sur l'état de délabrement des routes et pistes rurales sans oublier les ponts cassés, les plantations et domaines agricoles détruits suite aux inondations de 2007 et 2008. Au vu de ce constat, disons-le, amer une mobilisation de ressources financières s'impose pour remettre en marche la machine économique du Togo et résoudre les problèmes sociaux des populations.   

L'épreuve de Washington

Les mois d'avril et mai prochains les administrateurs de la Banque Mondiale étudieront les différents dossiers soumis à leur approbation. Compte tenu de cette mission qu'ils viennent d'effectuer au Togo, le gouvernement est convaincu qu'une attention notable sera portée aux projets togolais. Cela est tout à fait justifié. Toutefois, il va falloir que le gouvernement encadre minutieusement les dossiers. Il en a la capacité. D'ailleurs les discussions à tous les niveaux avec les partenaires nationaux au développement permettront de ficeler de bons projets que la Banque Mondiale pourra financer. Les conseils des institutions de la Breton Wood, les revendications syndicales, les cris de cŒur des opérateurs économiques et les impatiences des populations doivent nécessairement être pris en compte dans l'élaboration des différents dossiers sectoriels. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.

Politique

VERBATIM

Le cadre n'est pas uniquement politique

J'aurais bien voulu ouvrir cette rubrique en épluchant le dernier discours du Président Faure ; je ne sais plus quand et où il l'a prononcé. Tellement l'homme est peu bavard que son dernier discours est lointain dans le temps et dans l'espace. Ne lui en voulez pas, il se dit timide. C'est sa nature… C'est ce qu'un ami zémidjan disait en affirmant que cette nature est devenue une stratégie politique: on reste efficace loin de toutes les agitations de façon à laisser les autres piailler jour et nuit sans se soucier du niveau des aiguilles de l'horloge.

Ce week-end, les ténors de l'Union des Forces de Changements, Ufc, se sont retrouvés à la place Anani Santos avec leurs militants sans leur Chef Gilchrist Olympio, certainement occupé ailleurs. Il faut donner priorité à ce qui est prioritaire. Passons!   

Le message ce dimanche après-midi portait essentiellement sur les désaccords des discussions au Cadre Permanent de Discussion et de Concertation, Cpdc. Il est vrai que le décret ayant créé ce cadre avait limité sa composition aux membres des trois partis présents à l'Assemblée Nationale et  au gouvernement. L'intention, semble-t-il, était de favoriser les discussions entre les principaux acteurs de la vie politique nationale qui auront plus de temps et de facilités qu'à l'Assemblée pour égrener les grandes questions liées surtout aux élections. En plein parcours, les membres du Cpdc n'arrivant plus à s'accorder sur les différents points, l'intervention de la facilitation comme souhaitée par certains a relevé l'élargissement du cadre aux autres partis signataires de l'Accord politique Global, Apg.  

Dans son intervention, Patrick Lawson a déclaré que "Si le gouvernement se hasarde à forcer les portes en faisant appel à d'autres partis qui n'ont pas obtenu 5% aux dernières législatives, ils discuteront entre eux et ils ne verront pas l'UFC et le CAR". Cette déclaration du 1er vice-président de l'Ufc n'est pas de nature à renforcer les discussions sur les autres aspects de la vie de la Nation. La vérité qui est tronquée ici est que l'on ne dévoile pas le caractère permanant du cadre dont les travaux iront au-delà des élections présidentielles. D'autant plus que ni le décret, ni le règlement intérieur n'ont pas prévu de délai limite à son existence.

L'autre chose est qu'il fallait dire aux militants que le cadre n'est pas uniquement politique. Et que des questions économiques, financières, agricoles, sociales, etc. y seront également débattues. Où mettra-t-on les vrais acteurs des différents secteurs de développement du pays? Qu'on arrête alors d'abrutir les populations !

Désaccords au CPDC

L'UFC veut recourir à ses militants

Trop, c'en est à présent trop. La formation de l'opposant radical Gilchrist Olympio veut s'appuyer sur ses militants, et d'autres sympathisants dont " les forces de l'ordre ", pour se faire entendre dans les discussions au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC). L'Union des forces de changement (UFC) ne veut voir aucun nez des " petits " partis - en tout cas non parlementaires - se pointer et venir perturber le groupe de discussions.

"Si le gouvernement se hasarde à forcer les portes en faisant appel à d'autres partis qui n'ont pas obtenu 5% aux dernières législatives, ils discuteront entre eux et ils ne verront pas l'UFC et le CAR", a clairement prévenu Patrick Lawson, premier vice-président de l'UFC. C'était dimanche après-midi à un meeting populaire à la Place Anani Santos de Lomé, histoire de mettre la puce à l'oreille de quelques militants, toujours prêts à descendre dans la rue lorsque besoin se fera sentir. Le parti ne compte pas seulement bouder les discussions ; il en appelle à la vigilance, et à la disponibilité, des militants. Mieux, le premier lieutenant local de Gilchrist Olympio affirme avoir reçu l'adhésion des corps habillés "comme cela s'est déjà passé ailleurs", ajoute-t-il en substance.

Bref, le message principal, comme l'a rappelé ensuite l'omniprésent secrétaire général Jean-Pierre Fabre, est un message de mobilisation des troupes pour obtenir les meilleures conditions pour les élections. "On est une armée, les fantassins, c'est les militants. On a besoin des militants pour obtenir les meilleures conditions. Sous la pression populaire, le parti au pouvoir sera obligé de battre en retraite", s'est-il rassuré.

Au bout de quatre heures d'horloge, le public, légèrement au-delà du millier de militants et de curieux, ne s'est pas vraiment enthousiasmé. Avec l'impression du " déjà dit ". Il ne fait aucun doute que les désaccords répétés ne font que rallonger les discussions et, logiquement, rapprocher du délai légal de la présidentielle.

Après plusieurs semaines de discussions au CPDC, on en est encore sur le nombre et la répartition de la composition politique de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui doit organiser et superviser la présidentielle de 2010. Dans 12 mois.

Le gouvernement, à tous les coups, rappelle qu'il faut aller vite car "il n'est pas question de dire en 2010 qu'un parti politique a réussi à faire avorter l'élection présidentielle". Selon la loi fondamentale en vigueur, le scrutin est ouvert sur convocation du corps électoral par décret pris en conseil des ministres soixante (60) jours au moins et soixante quinze (75) jours au plus avant l'expiration du mandat du Président en exercice.

Interview Exclusive

Komlavi Agbo,Coordinateur national du Collectif des organisations syndicales des taxis motos du Togo (COSTT)

Dans notre dernière parution, nous relayions une mise en garde du ministre de la Sécurité et de la protection civile qui envisage de réprimer les surcharges sur les routes. Et, à en croire le Coordinateur national du Collectif des organisations syndicales des taxis motos du Togo (COSTT), François Komlavi AGBO, il faut aller vite à une application des textes déjà existants.

L'Union : Le 17 mars 2009, le ministre de la Sécurité publiait un communiqué prévoyant des mesures répressives contre les surcharges des taxis motos, cause des accidents. Vous reconnaissez-vous dans cette mise en garde ?

Komlavi Agbo : Les conducteurs de taxis motos sont critiqués à raison, des fois, car vous les verrez 3 ou 4 sur la moto, avec des colis. Et j'ai toujours eu l'opportunité de leur dire que le taxi moto n'est pas un taxi bagages, mais les gens ne comprennent pas et la plupart des accidents sont causés par ces surcharges et l'inobservation du code de la route. Donc, le communiqué du ministre tombe bien. Parce que le ministre nous avait mis en garde contre cet état de chose. Premièrement, il a voulu réprimer et nous avions dit qu'il faut d'abord faire la sensibilisation au risque que les gens disent qu'ils n'ont pas été informés. Après, on peut passer à la répression.

Là, le communiqué est en train de passer sur les médias et, aujourd'hui, si on arrête quelqu'un, cela fait son affaire. Mais il faut signaler que, malgré le communiqué, des gens continuent toujours par se remorquer à 3 ou 4. J'en ai vu hier à Datcha, Atakpamé, Notsè, Tsévié, … Et un accident est vite arrivé. Or, nos routes regorgent de sang humain ; ce qui n'est pas bon.

Dans votre entendement, quelles formes peuvent prendre ces mesures répressives ?

C'est d'abord de faire arrêter les contrevenants, peut-être on peut leur appliquer des contraventions ou mettre les motos à la fourrière pendant quelques jours et verbaliser le conducteur. Bref, le corriger et non le racketter.

Aujourd'hui, nous avons dépassé la phase de sensibilisation, commencée au début de l'année. On ne peut pas continuer à sensibiliser éternellement ; il faudrait commencer par prendre des mesures énergiques pour gérer cette situation.

Et pourtant, ce n'est pas la première fois que de tels communiqués tombent. Est-ce que ces mesures restent efficaces?

Vous venez de toucher une des plaies de notre société : il y a un fossé entre le communiqué et l'action. Avant, les communiqués ne sont pas suivis d'actions répressives. Cette fois-ci, je crois que c'est une question qui a été discutée en conseil des ministres et mûrie avec les responsables des syndicats de transporteurs. Tout le monde est conscient du danger. Ce qui veut dire que si quelqu'un ne veut pas se conformer, il sera frappé. Il faut qu'on commence.

Il est constant que les zémidjans font lourdement fi du code de la route, surtout que beaucoup sont débarqués de nulle part. Au point de conclure à une démission des syndicats, en termes de formation. Comment se porte le secteur de taxis motos ?

Le métier de taxis motos se porte très mal. Je le dis, si cette occasion m'était offerte en 1994 au moment où je défendais bec et ongle cette profession, si j'avais cette expérience que j'ai aujourd'hui, je ne me mettrai pas à contre-courant. J'aurais demandé qu'on supprime la profession. Mais, le vin est tiré, il faut le boire. La profession a été consolidée, le métier nourrit son homme. Nous ne pouvons pas dire qu'il faut éliminer cette activité, parce qu'elle absorbe plus de 150.000 jeunes togolais. Par ailleurs, depuis 1996, nous avons initié des cours de code gratuits au niveau des syndicats. En ce moment, les gens venaient aux syndicats et se faisaient former. Et, en 1999, après la débâcle du 3 août où les zémidjans se sont rebellés contre les syndicats et les autorités, les gens ne veulent plus venir aux syndicats et suivre les cours que nous avons continué d'organiser gratuitement parce qu'ils estiment que c'est une perte de temps. L'Etat aussi n'avait pas compris et a jeté l'anathème sur les syndicats, en disant que l'adhésion à un syndicat n'était pas obligatoire. Alors qu'il fallait canaliser la profession. Donc, il y a eu une démission de l'Etat qui s'est manifestée par le non contrôle routier ; un contrôle routier libéralisé en 1998, ce que nous n'avions pas compris. Je crois qu'il faut reprendre l'ancien système. La recrudescence des accidents interpelle plus d'un.

C'est quoi cet ancien système?

C'est de réprimer. Parce que, avant, lorsque vous n'avez pas le casque, la tenue, le permis, on vous arrête. Car, n'oublions pas, il y avait un arrêté interministériel du 4 janvier 1996 qui réglemente la profession. Ce texte a fixé des règles qu'il faut respecter pour être reconnu conducteur ; il a même une partie qui s'intéresse au type de moto qui doit servir à faire zémidjan ; le conducteur doit avoir un certain âge et les papiers afférents : une autorisation délivrée par la mairie (appelée l'exploitation à titre commercial, comme pour les voitures). Jamais, cela n'a été mis en pratique. Ensuite, il faut une plaque jaune dont l'absence entraîne un transport clandestin punissable pour transport illégal. Du coup, tout le monde s'injecte : les VCP [venus des campagnes profondes] ont abandonné les campagnes pour se mettre à moto. Actuellement, il y a plus de 40.000 conducteurs de taxis motos à Lomé ; ce qui a fait diminuer le revenu net du conducteur parce qu'il y en a trop. Il faut tout revoir. Dans l'arrêté, il était question de la mise en place d'un comité technique chargé de la gestion des taxis motos qui n'a jamais vu le jour. Ce que nous proposons, c'est de réactiver ce comité et l'ouvrir aux syndicats pour leur expertise. In fine, ce comité doit professionnaliser et sécuriser l'activité.

Qu'est-ce qui a fait arrêter votre partenariat avec la société Total ?

Le partenariat avec Total consistait à nous donner 1.500.000 francs Cfa par an pour payer les moniteurs qui doivent dispenser aux syndiqués les cours de code gratuits. En contrepartie, les militants formés doivent aller payer le carburant à la pompe Total. Il s'est fait que Total a versé à trois reprises ce montant, mais les conducteurs ne voulaient pas aller à la pompe Total et porter la tenue bleue avec le logo de Total.

En dehors de cela, un autre événement entre l'Etat et Total a fait suspendre tous les partenariats en faveur des associations et syndicats, jusqu'à nouvel ordre : il n'était pas question de continuer à faire du social et se faire arnaquer par l'Etat.

Parlez-nous de cette rébellion des zémidjans de 1999.

En fait, c'était une intoxication parce qu'on avait voulu que l'arrêté interministériel soit appliqué selon les conclusions d'un gentleman agreement que nous avons eu à l'époque. Pour des raisons de vol et d'agression sur conducteur, il fallait avoir la plaque jaune et mettre un numéro sur chaque conducteur à travers sa tenue. Cette mesure nous a permis d'avoir un projet "Work and pay" avec les partenaires hollandais qui devraient injecter 100 motos par an pour le Togo. La condition est que tous les potentiels bénéficiaires devaient se mettre en règle : l'autorisation, le permis de conduire, la plaque jaune et la blouse. Et cela a été mal interprété par les zémidjans qui ont fait croire que les syndicats allaient prendre des millions de francs sur leur dos. Finalement, le projet a été détourné par les Béninois qui ont eu actuellement plus de 2.500 motos ; au Niger, le même projet a fait bénéficier 500 motos et le Mali a 1.200 motos. Le Togo n'a rien eu, car on ne veut pas être identifié et immatriculé.

Ici, on veut interpréter à tort ce qu'il ne fallait pas dire. Le dernier exemple, c'est de dire que M. Agbo a déjà vendu les casques nouvellement offerts par l'ONG Jeunesse en mouvement (JEM). Alors qu'ils ne sont pas encore réceptionnés, ils sont toujours au siège de JEM parce que nous avons demandé qu'on nous trouve un véhicule pour faire la redistribution.

Comment arriver à gérer cette masse de zémidjans qui ne veulent faire partie d'aucun syndicat ?

Ils sont les plus nombreux. Et je dois souligner qu'il y a plus d'avantages à s'inscrire dans un syndicat, mais c'est l'incompréhension totale chez les zémidjans. Vous savez, le Togo a vécu longtemps dans un monolithisme syndical, ce qui fait que certains ont encore gardé en esprit tout ce qui se faisait dans le syndicalisme unique. Avec des syndicats tout puissants qui rackettaient et ne faisaient jamais de compte. Aujourd'hui, il y a ce qu'on appelle le syndicalisme scientifique où avec un petit nombre, on peut faire grand-chose.

Est-ce qu'il ne faut pas finalement conseiller d'imposer le permis de conduire ?

Ce n'est pas à nous d'imposer le permis, il y a la réglementation. Il faut l'appliquer, car c'est la vie des paisibles citoyens qui est en danger. Dans les textes, avant d'enfourcher un engin roulant pourvu de moteur thermique, il faut avoir le permis de conduire approprié. Bientôt, c'est la mairie qui va s'en charger. D'abord, vous devez avoir une carte syndicale qui vous autorise à aller vous inscrire auprès de la mairie pour obtenir l'autorisation, la tenue, le numéro d'identification, le permis. Bref, il y a tout un processus. Et tout sera informatisé, avec l'appui de la Mission française de coopération. A terme, on doit savoir combien de taxis motos il faut pour chaque ville, par rapport à la population.

Sports

Athlétisme

Sandrine Kangni-Thiebaud s'attaque à l'heptathlon

L'athlète togolaise Sandrine Kangni Thiebaud, spécialiste des 400m a indiqué dimanche qu'elle a décidé de réorienter sa carrière sportive vers l'heptathlon, discipline qu'elle assure avoir pratiqué à son jeune âge.

 " J'ai décidé de réorienter ma carrière sportive vers l'heptathlon (100m, 200m, 800m, longueur, hauteur, poids, javelot) ", a confié Sandrine Kangni Thiebaud.

Née d'une mère française et d'un père, le 21 avril 1976,  Sandrine Kangni Thiebaud débute l'athlétisme en 1985 à l'âge de 9 ans. Fait ses débuts à Créteil avec Doudou N'diaye puis rejoint le groupe de Haut niveau du club et est entraînée par Jacques Piasenta de 1991 à 2000. De formation générale, elle excelle et débute dans les épreuves combinées (2eme aux Pointes d'or) puis se spécialise sur le 400m sous l impulsion de Marie José Perec dont elle partage les entraînements. En 2001, elle part s'entraîner à Melun sous la direction de Georges Wieczorek, un ancien International polonais ; puis décide de défendre les couleurs du Togo. Présente dans les évènements majeurs de l'Athlétisme depuis 2003, elle a participé aux Jeux Olympiques d Athènes en 2004 et de Pékin en 2008.

En optant désormais pour l'heptathlon, l'athlète togolaise fait un  retour à la source. " Je suis depuis toujours une athlète complète  J'ai à mon actif une dizaine de records nationaux du Togo dans des disciplines très différentes. Donc ce n'est pas une surprise ni une folie. Après avoir été championne de France d'épreuves combinées dans les catégories de jeunes. En 2002, alors que je venais concourir pour le Togo, je voulais me relancer dans cette discipline mais une grave blessure au pied m'avait contraint de délaisser cette épreuve. C'est un gros challenge car pour le moment, il n' y a pas de record national établi dans cette discipline ", fait-elle observer.

Pour revenir à un meilleur  niveau, Sandrine Kangni Thiebaud, s'entraîne depuis 4 mois à l'île Maurice où il existe  de bonnes conditions d'entraînements.

La première compétition en la matière aura lieu les 18 et 19 avril au meeting international de Maurice

Football/Sélectionale nationale

La grande vague des Eperviers attendue aujourd'hui

Selon la Fédération togolaise de football(FTF), la majorité des joueurs convoqués pour le match  Cameroun-Togo comptant pour la première journée de la dernière phase des éliminatoires combinées CAN/Mondial 2010 arrive à Lomé aujourd'hui dans la soirée.

"La plupart de nos joueurs arrive mardi, compte tenu de leur calendrier respectif. Ce qui permettra au sélectionneur de  disposer de tout son groupe et  de faire une première séance d'entraînement mercredi avant de rallier Accra dans l'après-midi", a annoncé Hyppolite Kossivi Reinhardt, secrétaire général de la FTF. Par  ailleurs, le sélectionneur Jean Thissen rentré à Lomé depuis samedi après plus de deux semaines de prospection en Europe prévoit de rencontrer la presse pour faire le point avant le départ.

Adebayor :

" Je serai bien là "

"C'est un match assez capital pour nous, d'autant que c'est le premier match de cette dernière phase. Je sais que des gens s'inquiètent pour moi, mais j'aimerais leur dire que je vais bien et serai là pour ce match". C'est en somme ce que le capitaine des Eperviers Emmanuel Adebayor a déclaré samedi à Forum de la Semaine, samedi, qui l'a joint depuis Londres pour s'enquérir de ses nouvelles.  

Blessé début février lors du derby londonien opposant les Gunners aux Spurs de Tottenham, Emmanuel Adebayor devrait normalement retrouver les pelouses début mars. Mais ce ne fut pas le cas. "Ma convalescence a un peu pris du temps, mais à présent, je vais bien et je serai bel et bien présent pour cette rencontre", a-t-il ajouté.

Une nouvelle qui doit réjouir les supporters des Eperviers qui s'interrogent beaucoup ses derniers temps à propos de la présence du capitaine des Eperviers, vu que son club annonce son retour en Premier League le 4 avril lors de la réception de Manchester City.

Kader bien out!

L'attaquant d'Al Dhafra d'Abu Dhabi, Kader Coubadja ne sera pas dans le groupe pour Accra. L'ancien sociétaire de l'Etoile Filante de Lomé a dû déclarer forfait à la suite d'une blessure contractée à la cheville en début de la semaine dernière en Egypte où son club était en stage.

 "J'ai reçu un coup sur la cheville à l'entraînement  que j'ai pris comme une blessure passagère ; mais par la suite, on s'est rendu compte que la blessure était plus sérieuse au point que le club a décidé de m'envoyer en France pour me soigner",  a indiqué Kader.

Auteur de 5 buts en 4 matches dans  le championnat d'Abu Dhabi, Kader Coubadja,  paraissait être le complément idéal du capitaine Emmanuel Adebayor en attaquant, surtout que des incertitudes planent toujours sur la forme actuelle de Olufadé Adekanmi de La Gantoise (Jupiler League, Blegique) qui revient de blessure.

Culture

Note de lecture

Edem Kodjo et les Pères de l'Eglise

De main à main, l'ancien Secrétaire Général de la défunte O.U.A. m'avait remis son dernier opus en déclarant : " je sais que mon jeune frère s'intéresse aux choses de l'Eglise, malgré qu'il en est. " Tout Kodjo est là, avais-je relevé, dans l'usage de cette exception grammaticale peu usitée mais correcte, un peu précieux mais cultivé. On ne se refait pas. Je savais l'ancien Premier Ministre du Togo un peu " grenouille de bénitier ", membre du Club de Rome et au demeurant enseignant de Patrologie à l'Institut Saint-Paul de Lomé (si, si !), mais de là à se transformer en Révérend Père laïc expliquant à ses ouailles privées l'élaboration de la doctrine chrétienne, de la fin du Ier siècle au Vème siècle ! De retour chez moi, j'ai feuilleté le livre, à la recherche d'une introduction ou d'un avant-propos quelconque qui eût pu m'éclairer sur le choix d'un tel sujet. Rien, nenni, que dalle. Kodjo parle et n'explique pas sa passion.

Le christianisme est un héritage colonial, je le dis sans jugement de valeur, de la même manière que je peux constater la colonisation de mon organisme par des bactéries que je ne contrôle pas mais avec les lesquelles je peux composer. Et les Pères de l'Eglise sont des intellectuels colonisés par une Foi qui souvent les dépasse, qui ont fait naître la Théologie à partir de leurs lectures de la Bible, le référent suprême de la religion. Edem Kodjo nous propose une introduction à la pensée de ces Evêques et autres philosophes qui ont façonné la religion et aidé l'Eglise à produire, le long des siècles, son corps de doctrines et de dogmes. Dans la galerie des portraits que propose l'auteur, je me suis plutôt intéressé aux Pères Africains du IIIème siècle, lesquels ont joué un rôle non négligeable dans l'émergence de la patristique latine. Saint-Augustin émerge du lot, et Kodjo, à raison, lui consacre un chapitre entier à la fin du livre. Mais on citera aussi Tertullien, celui que Bossuet surnommait le " dur africain ", un juriste pétri de talents et de défauts, fou furieux et rigoriste, qui alla jusqu'à postuler l'existence de péchés irrémissibles, au nombre desquels l'adultère, l'idolâtrie et l'homicide et interdisait aux Chrétiens la pratique de certaines professions comme la sculpture, l'astrologie, la vie militaire…, alors que lui-même est né d'un père centurion de l'armée romaine stationnée en Afrique ! Tout le contraire d'un Saint-Cyprien, surnommé " le Pape de l'Afrique, modéré, clairvoyant, ferme.

On lui doit la thèse de la primauté du pape et l'autonomie des évêques. Kodjo l'aime, de toute évidence, ce martyr doux comme le vin de messe, lisez plutôt : "Condamné à avoir la tête tranchée, il répondit Deo Gratias, se rendit au lieu du supplice avec une grande digité, fit verser 25 pièces d'or au bourreau qui tremblait, noua lui-même le bandeau autour de ses yeux, présenta la tête… et reçut le coup mortel. " Un poil théâtral, tout comme la conclusion d'Edem Kodjo, que j'imagine sans peine en train de tressaillir de la joie du chrétien fervent devant ses étudiants de l'Institut Saint-Paul de Lomé : " Cyprien ? Un grand Evêque, un grand africain, un grand saint ! " (P. 88). Plusieurs autres Pères Africains ont marqué ce siècle, Kodjo les passe en revue : Arnobe l'Ancien, Lactance (admiré par Pic de la Mirandole, estimé par Erasme).

J'avoue que si l'on est chrétien et curieux de savoir quel rôle l'Afrique a pu jouer dans l'élaboration de la doctrine chrétienne, l'introduction de Kodjo aux Pères de l'Eglise ne peut laisser de marbre. Surtout que la narration est très enlevée, moins truffée de ces mots rares et savants non expliqués auxquels l'auteur nous avait habitués dans son roman Au commencement était le glaive… un Kodjo très lisible, aussi passionnant qu'il l'était dans Et demain l'Afrique, son essai de science politique le plus lu et le lus connu.

Mais ma question demeure: quelle mouche a piqué le père Kodjo, pour s'intéresser hic et nunc aux Pères de son Eglise chérie ? Moi je le soupçonne d'adhérer à l'affirmation de Saint-Augustin: "quand Dieu couronne nos mérites, il ne fait que couronner ses dons" !? Cela aurait bien mérité une confession de sa part, mais l'homme ne se lâche pas, et c'est un peu dommage !

Edem KODJO, Les Pères de l'Eglise. L'élaboration de la doctrine chrétienne, de la fin du 1er siècle au Vème siècle, Editions Saint-Augustin Afrique, Lomé, 2008.

© L'Union du 24 mars 2009

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