« Force est quand même de reconnaître que la montagne et la rareté ont forgé le caractère des Kabyè. Peuple intelligent vivant sur une superficie limitée et inhospitalière, ils ont appris à arracher aux terres rocailleuses leurs pitances quotidiennes ». C'est ainsi que l'hebdomadaire l'Union, paru vendredi, présente un dossier consacré aux Evala, les luttes traditionnelles qui s'achèvent samedi au nord du Togo.
Le journal souligne qu'au delà des rites initiatiques et des réjouissances populaires, ces manifestations annuelles sont l'occasion de découvrir ou de redécouvrir cette ethnie. Voici une série d'articles publiés par l'Union
Spécial Evala 2008
Fin des rites initiatiques demain samedi
Les danses des Evala des douze cantons de la préfecture de la Kozah au domicile du chef de l'Etat vont clore le déroulement des rites initiatiques en pays Kabyè. Lesquelles rites, commencées sur un rythme marathon, le 12 juillet 2008, ont tenu en haleine les ressortissants de la préfecture venus de toutes les régions du Togo, d'autres ressortissants togolais ainsi que de nombreux touristes étrangers, venus spécialement pour l'événement.
Malgré l'exubérance de la pluie –il pleut des cordes pendant cette saison–, les arènes ne furent pas désertés ni par le public ni par les Evalo plutôt joyeux de batifoler dans la boue en faisant mordre la fange à leurs adversaires.
Le ton a été donné par la phase spectaculaire des rites que constituent les luttes dans les arènes au terrain de l'école officielle Kagnalah à Pya, avec les joutes olympiques opposant les Evala de Pya-Law Haut à leurs homologues de Pya-Law Bas, en présence du chef de l'Etat Faure Gnassingbé. Ces chaudes empoignades ont été précédées, il est vrai, de deux premières demi-finales dans le canton de Bohou, opposant les villages de Djamdè et Bohou, puis Tchouyou, Kolidé, contre Waldè et Piyadè. Puis les combats continuèrent dans les cantons de Yadè, Tchitchao, Soumdina, Lassa, Tcharé, Lama, Pya, Kouméa, Landa, Yaka, Sarakawa.
Expression de bravoure, d'adresse, mais également de techniques corporelles et de maîtrise du corps tout simplement, les arènes ont été le théâtre de belles empoignades qui ont émerveillé le nombreux public qui se déplaçait à chaque occasion. Le lutteur qui terrasse son adversaire ne se contente pas de sa victoire ; volontiers plastronneur, il esquisse une danse qui met en évidence ses muscles pour impressionner l'adversaire. C'est dire que la danse elle-même constitue un élément fondamental de la lutte.
Mais les combats ne se déroulent pas dans les mêmes conditions. Il y a des terrains d'école publique moyennement gazonnés, destinés au football et donc favorables à ces genres de joutes musculaires, la plupart réceptacles des finales entre cantons.
Les Evala se plaisent à s'y battre, comme on a pu les constater lors de la demi-finale à Landa, ou la finale des villages du canton de Pya sur le terrain rouge à Pya. Sur ces terrains, les empoignades sont souvent volcaniques. A croire que la présence du chef de l'Etat décuple les ardeurs des lutteurs. On y dénombre souvent de nombreux blessés. En témoigne l'impressionnant triomphe de 97 victoires à 19 le mercredi 16 juillet à Pya.
Puis les terrains situés le plus souvent dans les marchés, rocailleux, comme celui de Pya Hodo, qui peuvent décourager l'ardeur des lutteurs mais dont ces derniers n'ont cure. Enfin, il y a les terrains improvisés, une espèce de brousse en réalité, où l'on voit toute une forêt de roseau, un peu loin des routes ou pistes rurales. Ces derniers frappent les yeux de l'observateur. S'y présentant très tôt le matin, l'observateur constate qu'en l'espace de quelques minutes après le début des combats, la brousse se présente comme un terrain plan, plutôt gazonné.
Retrouvailles et réjouissances
Les luttes traditionnelles en pays Kabyè sont en réalité des réjouissances populaires, étant l'une des rares occasions annuelles où les enfants de cette terre de forte émigration se retrouvent. Grands organisateurs, les Kabyè ont également un sens inné de l'organisation des spectacles. Ainsi, en bordure des terrains, en marge des arènes, se déroulent des spectacles de tout autre ordre. Castagnettes, gongs et toutes sortes d'instruments sont utilisés pour jouer de la musique. Des moments forts pendant lesquels des hommes et des femmes dansent, reprennent des refrains de morceaux chantés par des griots ; lesquelles chansons sont des railleries du groupe adverse. Ici, la musique fait partie de la vie, déclinée au rythme des saisons et des initiations. Ce qui fait souvent tenir à l'observateur cette expression à la limite très banale que «chez les Kabyè, peuple du Nord Togo, la place du rythme est capitale».
Aussi à Pya, pendant que les gens luttaient, a-t-on vu des groupes de femmes et de jeunes filles défiler dans la rue, à quelques encablures des arènes, chantant et dansant des railleries.
En pays Kabyè, il n'y a pas de réjouissances sans boissons. Ainsi ces épreuves sont une occasion de voire le tchoukoutou, la boisson locale à base de mil, coulée à flots. En dépit de la cherté du bol de mil cette année, 800 francs Cfa contre 350 francs l'année dernière, le Tchouk fut au rendez-vous. Chichement, certes, les vendeuses étant obligées de jouer à la fois sur la quantité et la qualité, mais au rendez-vous quand même.
A la découverte des Kabyè
Peuple robuste et travailleur, se disant autochtone et fier, parlant une langue du groupe Gur, les Kabyè vivaient sur un espace qui correspond aujourd'hui aux préfectures de la Kozah, de la Binah et de Doufelgou. Le pays Kabyè est un ensemble de montagnes ou collines érodées aux versants abrupts, morcelés et rocailleux. Le relief accidenté ne décourage pas les populations qui pratiquent sur les versants une ingénieuse agriculture en terrasse.
Produisant mil, maïs et sorgho, ils ne peuvent pratiquer l'agriculture sans engrais, à cause de la petitesse des superficies et de l'impossibilité de mettre les terres en jachère. Comme dans tout le pays, le mil et le maïs coûtent chers, soit 800 francs Cfa le bol.
Ils forment 10% de la population. L'histoire des Kabyè, comme la plupart des peuples du Togo (nous sommes une jeune nation d'à peine 50 ans), est encore peu connue, et souvent sujette à de nombreuses polémiques. Les historiens n'étant pas souvent d'accord, et les connaissances actuelles sur le sujet proviennent pour la plupart des chroniques des colonisateurs.
Néanmoins, tous semblent s'accorder sur un point, pour diverses raisons : les Kabyè vivaient isolés du reste des peuples qui constituent le Togo et n'avaient pas participé de façon consistante au commerce qui se déroulait à l'époque.
Dans son livre Conquêtes coloniales et intégration des peuples : cas des Kabyè du Togo (1898-1940) (Paris, L'Harmattan, 347 pages) (NDRL : Note critique dans nos prochaines parutions), l'historien Noël Courrier Kakou note que les Kabyè vivaient en vase clos, et n'avaient pas de contact avec les autres peuples. Selon lui, il n'y avait contact que lorsqu'ils se déplaçaient en groupe pour s'approvisionner en fer, en pays Bassar, et sel, à Djougou. Selon M. Kakou, méfiants, les Kabyès étaient redoutés des autres peuples pour leur caractère belliqueux. Ce bellicisme a sans doute alimenté les rumeurs colportées en leur défaveur, par leurs voisins, reprises en compte par les colons allemands.
Cause de cet isolement factice, le relief et les guerres. Fuyant les guerres, les Kabyès se sont réfugiés dans une région montagneuse, difficile d'accès pour les commerçants et les peuples voisins. Cela les a mis à l'abri des infortunes de l'histoire comme la traite négrière atlantique ou la traite arabe, des razzias et autres guerres. Mais des doutes subsistent à propos de la partie concernant la traite. Dans la revue universitaire Mosaïque (une revue togolaise), le chercheur Komlan Kouzan admet que certains parents, notamment les oncles, en cas d'insuffisance de la production alimentaire ou de famine, allaient vendre leurs enfants. Il a même écrit que «certains Kabyè s'étaient eux-mêmes organisés en trafiquants d'esclaves». Des passages qui montrent qu'ils n'étaient pas si isolés que ça. On ne fait commerce qu'avec autrui, jamais avec soi-même. Si la montagne était rédhibitoire aux commerçants, en était-elle de même pour les Semassi Cotocolis qui razziaient les contrées sur des chevaux ?
Force est quand même de reconnaître que la montagne et la rareté ont forgé le caractère des Kabyè. Peuples intelligents vivant sur une superficie limitée et inhospitalière, ils ont appris à arracher aux terres rocailleuses leurs pitances quotidiennes. Pratiquant l'agriculture sur des rochers escarpés, ils ont inventé la culture en terrasse et enrichissent le sol à l'aide du fumier.
Ce sont les Allemands qui sortirent quand même les Kabyè des montagnes lors de leurs expéditions vers l'hinterland. Les féroces répressions à la mitrailleuse Mauser ont fini par avoir raison des Kabyè en 1898. Les Allemands réorganisèrent la société Kabyè. «Ils mirent fin à l'anarchie patriarcale dans le pays Kabyè en instaurant des chefferies hiérarchiquement ordonnées depuis la base jusqu'au sommet», selon Kouzan. Trouvés par le colon comme peuple robuste et travailleur, les Kabyè furent déplacés en masse par les Allemands pour la mise en valeur du centre Togo et le développement des chemins de fer. Une situation qui explique les fortes minorités de Kabyè dans le centre et le sud Togo.
Qu'est-ce que les Evala
Les luttes dans les arènes ne constituent en réalité que l'iceberg visible et la phase spectaculaire des cérémonies complexes que l'on appelle les Evala. En filigrane, les choses sont beaucoup plus complexes. Comme chez les Romains dans l'Antiquité, et chez certaines sociétés africaines, l'Evala est la toute première initiation à la vie d'homme de l'adolescent Kabyè. Il est destiné à le préparer psychologiquement et physiquement à entrer dans la classe des adultes, dans un milieu de montagnes rocailleux, plus ou moins ingrat, où l'homme est souvent obligé d'arracher dans des conditions dures sa pitance à la terre.
Ainsi, en pays Kabyè, un jeune qui se dérobe à cette initiation subit des représailles des aînés, de ses parents et des gens de sa classe. Il n'est tout simplement pas considéré comme un homme.
Durant toute la durée des cérémonies, l'Evalo ne vit pas en famille mais en camp avec ses pairs où on leur apprend des choses de la vie. La finalité première de cette opération est d´habituer le jeune à l'endurance, au courage et au stoïcisme. En terme de courage et d'acte de bravoure, le jeune Evalo doit manger la viande de chien, deux chiens en réalité, offerts par son père et son oncle maternel (chez les Kabyè, l'oncle maternel a une forte autorité sur le neveu), et qu'il doit tuer lui-même par étranglement ou étouffement. C'est pourquoi, les cadavres des chiens que les Evala portent en dansant au marché ne portent aucune trace de sang. Derrière le fait de manger la viande de chien apparaît l'idée que l'Evalo reçoit en contrepartie la rage et l'agressivité de gente canine.
Les rites durent en tout trois ans, et sont accomplis en juillet pendant la saison pluvieuse. Et pendant ces trois ans, l'Evalo est autorisé à manger la viande de chien. Laquelle viande ne doit plus être consommée au bout de la cinquième année et jusqu'à la mort quand l'Evalo aura subi d'autres cérémonies.
Nationale
Face à un gouvernement conscient, l'ISTT s'impose un délai d'urgence
On peut croire que c'est du déjà dit. Peut-être avec une modification de ton. Une journée de réflexion organisée le 16 juillet 2008 par l'Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT) s'est achevée par un point de presse imposé par la récente mesure du gouvernement togolais d'augmenter les prix du ciment. Au finish, une déclaration assortie de recommandations pose les nouvelles exigences de l'ISTT. «Nous avons demandé que le gouvernement puisse prendre effectivement dans les délais d'urgence, les seuls qui conviennent, un premier train de mesures pour remédier efficacement aux effets dévastateurs de la flambée des prix des produits de première nécessité et aux conséquences dramatiques de la cherté de la vie, parce que nous avons constaté que la commission Vie chère créée auprès du Premier ministre était un leurre, car la commission n'est toujours pas formalisée et nous sommes dans l'expectative d'une prochaine réunion qui ne vient pas ; nous avons demandé qu'à compter de ce jour on augmente le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 30.000 francs au moins ; relancer la production du phosphate togolais afin de contribuer à l'équilibre de la balance commerciale ; résoudre le problème de l'énergie ; actualiser sans délai la mise en Œuvre des engagements du protocole d'accord social ; revoir les taxes douanières sur les produits de première nécessité ; ramener le système de contrôle des prix», a précisé l'actuel porte-parole des syndicats, Ephrem Tsikplonou.
Et de préciser que la finalité veut qu'on respecte les travailleurs et les engagements pris. A défaut, ce sera du ressort de la masse des travailleurs de décider au cours d'une assemblée générale des mesures syndicales à prendre pour faire plier l'Exécutif : marche de protestation, sit-in ou grève. «Ce qui est sûr, il y aura une action à défaut de réaction», ajoute-t-on.
En attendant, le délai d'urgence n'est pas connu. De sources proches de l'Intersyndicale, une imminente rencontre en interne fixera les délais pour chaque recommandation ; une moyenne sera faite pour déterminer l'inconnu (un délai d'urgence pour l'ISTT elle-même) à communiquer au gouvernement. Avec la précision que cette durée d'attente ne sera pas trop longue.
Présent à la manifestation en bon syndicaliste, le ministre Octave Nicoué Broohm du Travail et de la Sécurité sociale comprend la position de ses «collègues». Tout en brandissant la carte de la conscience du gouvernement. «Le gouvernement a pris déjà un train de mesures pour atténuer le choc et aller dans le sens de la résolution des problèmes. Mais il ne faut pas penser que cela est simple à résoudre. C'est avec l'appui et la contribution de tous que nous arriverons à bon port», a-t-il dit. Selon le politique qui ne veut pas oublier que la crise est mondiale, les solutions sont à court, moyen et long terme et il faut mobiliser les moyens pour pouvoir en faire face efficacement.
Cela ne peut pas se faire comme par baguette magique. Les nouvelles réformes en profondeur y contribuent.
Agriculture togolaise
Soutien français de 1,6 milliard
Le gouvernement français soutient le secteur agricole du Togo et contribue à l'apurement total de sa dette vis-à-vis de la Banque africaine de développement (BAD), à travers la signature vendredi dernier, d'une convention de financement d'un montant de 1,6 milliard de francs Cfa entre l'Agence française de développement (AFD) et le gouvernement togolais. Cette somme est destinée à promouvoir l'agriculture togolaise à travers la subvention de l'engrais afin de la rendre plus compétitive.
Les documents de cette convention ont été signés par le directeur de l'AFD, Yves Picard et le ministre togolais de l'Economie et des Finances, Adji Othèth Ayassor. Le ministre togolais de l'Economie et des Finances a renouvelé à cette occasion la reconnaissance du Togo à la France qui, par ces aides multiformes, permet au Togo de gagner petit à petit le pari de la réduction de la pauvreté en réduisant la souffrance de sa population, notamment celle du monde rural.
Téléphonie mobile
« MOOV ZONE » lancé depuis ce matin
Cela sonne comme la marque de fidélité qui scelle la philosophie de la société de téléphonie mobile Moov Togo : rapprocher plus ses services de sa clientèle. A partir de ce vendredi, un service exceptionnel offert à tout abonné du Togo profond consiste à être facturé à 100 francs CFA la minute au lieu de 160 francs à chaque fois qu'un appel est émis à l'intérieur des cinq régions économiques (Savanes, Kara, Centrale, Plateaux, Maritime), sauf Lomé. Jusqu'au 10 août prochain. Une période d'essai qui pourra être facilement renouvelée, selon Siaka Koné, Directeur commercial et marketing. L'autre cadeau circonstanciel aura été l'annonce faite par le Directeur général Frédéric Ferrailles : 50% de bonus sur toutes les recharges jusqu'à ce 18 juillet 2008, valable de Moov vers Moov.
Tout ceci s'insère dans la dynamique de l'ouverture depuis le 16 juillet 2008 d'une nouvelle agence Moov, sise à Akodesséwa, boulevard Houphouët-Boigny, immeuble « Le Mont des Oliviers ». Avec l'effectivité immédiate des services traditionnellement offerts aux clients, à savoir le service après vente, la vente des kits d'abonnements, la résolution des désagréments intervenus sur des numéros d'appels, la vente aux distributeurs agréés, … La cérémonie a connu la présence des partenaires, des autorités du ministère du Commerce, des autorités municipales, des chefs traditionnels. Sous la prestation artistique de Black Joe appuyé par des pom-pom girls.
Avec bientôt ses deux ans d'ancienneté (depuis le 14 décembre 2006), Moov Togo ne cesse de multiplier ses opérations de charme, qui passent par l'achat de deux kits pour le prix d'un, le grand jeu SMS doté de cinq voitures grand Vitara, les 60F par minute aux heures creuses, les 25F par minute à condition de recharger, les SMS gratuits, etc. A ce jour, elle dépasse la barre des 400.000 abonnés et couvre plusieurs localités du territoire togolais. Des représentations s'égrènent. Déjà, il est annoncé l'ouverture très prochaine des agences d'Agoè, de Kpalimé et d'Atakpamé.
© L'Union du 18 juillet 2008