Après sa déclaration énergique du mardi sur les médias d'Etat, Aboudou Assouma, président de la Cour constitutionnelle et président de l'Association professionnelle des magistrats du Togo (APMT° a accepté de répondre aux questions de republicoftogo.com. Il revient sur le différend qui l'oppose à une cinquantaine des membres de l'APMT et indique qu'il appartient désormais au chef de l'Etat et au gouvernement de prendre leurs responsabilités car, dit-il, « cette affaire est devenue aujourd'hui une affaire d'Etat ».
##S_B##Republicoftogo.com : Quel est la nature du conflit qui vous oppose à certains de vos membres de l'APMT ?
Aboudou Assouma :
Vous savez notre Association dénommée est dynamique, membre du groupe africain de l'Union Internationale des magistrats. En réalité, rien ne nous oppose après notre AG du 25 octobre dernier. Nous avons relevé des points faibles et parmi ceux-ci, il y a la question de la corruption. Cela n'a rien de très nouveau.
Lors de toutes les Assemblées générales, nous relevons ce genre de faiblesse à la seule différence que cette fois, je l'ai dit publiquement tout simplement parce que je constate que le phénomène se développe de plus en plus. Et je pense qu'il était de mon devoir d'attirer davantage l'attention des magistrats, de les sensibiliser pour qu'ils en prennent conscience.
C'est après cette déclaration que certains se sont sans doute retrouvés dans mes propos et ont ont cru devoir m'attaquer par une pétition dans laquelle ils demandent ma démission parce que, semble-t-il, mes propos sont de nature à discréditer la magistrature et particulièrement les membres de l'APMT.
Republicoftogo.com : Justement dans leur lettre, les dissidents vous reprochent une certaine opacité et de l'autoritarisme dans la gestion dans l'Association.
Aboudou Assouma :
Quand on est chef, on est chef ; on ne laisse pas faire n'importe quoi. A la maison, quand les enfants font du désordre, on est bien obligé de leur tirer les oreilles. C'est parce que j'ai tapé sur la table qu'ils réagissent ainsi.
Republicoftogo.com Votre Association compte combien de membres. Vos opposants affirment que 65% d'entre-eux contestent votre manière de les gérer ? Vrai ou faux ?
Aboudou Assouma :
Nous avons 88 membres exactement. Certains de ceux qui ont signé cette pétition sont revenus me voir après pour me dire qu'ils ont été floués. Il leur a été demandé de s'inscrire sur la liste pour organiser une démission en bloc, mais après ils ont compris qu'ils faisaient fausse route.
Republicoftogo.com : Quelle solution vous envisagez pour mettre un terme à cette crise ouverte ?
Aboudou Assouma :
Notre métier est noble, nous sommes un corps qui incarne le troisième pouvoir de l'Etat. Je pense qu'il appartient désormais aux autorités de prendre leurs responsabilités. Il ne nous appartient pas de régler ce problème.
Republicoftogo.com :
Justement ampliation de cette pétition a été adressée au Garde des sceaux. A-t-il réagi ?
Aboudou Assouma :
Pas à ma connaissance.
Republicoftogo.com : Vous pensez devoir l'informer ?
Aboudou Assouma :
Pas du tout. Le problème est devenu un problème d'Etat, c'est à lui de prendre ses responsabilités.
Republicoftogo.com : A votre avis qu'est-ce que l'Etat peut faire dans cette situation ?
Aboudou Assouma :
C'est le chef de l'Etat et à ses collaborateurs d'imaginer des solutions pour ramener la paix et la sécurité judiciaire dans cette maison parce que vous savez comme moi que notre pays revient de loin. Les partenaires étrangers ont recommencé à manifester de l'intérêt pour le Togo. Il est évident que la sécurité judiciaire et juridique est indispensable dans ce contexte.
Republicoftogo.com : Dans votre déclaration, vous n'avez pas totalement fermé la porte. Peut-on envisager une réconciliation ?
Aboudou Assouma :
Attention, il y a une nuance de taille. J'ai parlé de ceux qui ont été floués.
A ceux là, je dis que la porte de l'association leur est toujours ouverte. Il faut savoir pardonner. Ils n'ont peut-être pas compris tout de suite mais ils ont fini par comprendre un peu plus tard.