Cogestion : les perspectives d'une telle proposition semblent lointaines
La proposition récente de cogestion politique avancée par le Comité d’action pour le renouveau (CAR), un parti de l’opposition, suscite de vives critiques, y compris au sein de ses propres rangs.
La proposition récente de cogestion politique avancée par le Comité d’action pour le renouveau (CAR), un parti de l’opposition, suscite de vives critiques, y compris au sein de ses propres rangs.
Jean Kissi, ancien secrétaire général de cette formation politique, a exprimé son désaccord face à cette initiative qu’il considère comme une déviation par rapport à la vision initiale du fondateur du parti, Me Yawovi Agboyibo.
Dans une intervention sur une radio privée de Lomé, Jean Kissi a dénoncé la nouvelle formule de cogestion, qu’il perçoit comme une tentative de dissimuler des pratiques contestables. Selon lui, les nouveaux critères proposés – comme l’exigence d’un nombre minimum de députés pour intégrer le gouvernement – ne font que masquer les accusations selon lesquelles les opposants qui rejoignent le gouvernement seraient motivés par des intérêts personnels.
« On propose maintenant des critères pour légitimer une entrée au gouvernement sans qu'on dise qu'ils sont allés à la mangeoire. Ça n'a jamais été la philosophie de Me Agboyibo », a-t-il déclaré avec fermeté, tout en qualifiant cette démarche de « couverture pour tromper le peuple ».
Jean Kissi a rappelé les principes fondamentaux posés par Me Yawovi Agboyibo lors de sa proposition initiale de cogestion en 2008. À l’époque, l’acceptation d’une véritable alternance politique et la mise en place de garanties pour sa réalisation étaient des conditions sine qua non. « Le pouvoir qui accepte la cogestion doit accepter l’alternance », a-t-il souligné, insistant sur l’importance de prévenir toute récupération politique par le parti au pouvoir.
Il a également fait remarquer que l’absence de volonté réelle de changement de la part des dirigeants actuels rend cette proposition de cogestion irréalisable. « On ne voit pas cette volonté, surtout après la manière dont la réforme constitutionnelle s’est opérée courant le premier trimestre de cette année », a-t-il ajouté.
Pour de nombreux observateurs, le contexte politique actuel n’est pas propice à la cogestion. Le pouvoir en place se montre de plus en plus consolidé face à une opposition fragmentée et affaiblie. Dans de telles conditions, rien n’oblige le régime à envisager une quelconque forme de partage du pouvoir, quelle que soit la formule proposée par les opposants.