La junte au pouvoir au Burkina Faso a annoncé la suspension de la diffusion de Voice of America (VOA) pour une durée de trois mois.
Cette décision fait suite à des commentaires jugés inappropriés concernant l'insurrection djihadiste qui sévit dans la région du Sahel.
En outre, les autorités ont temporairement interdit aux médias locaux d'utiliser des rapports provenant de médias internationaux.
Les dirigeants militaires, qui ont pris le pouvoir lors d’un coup d’État en septembre 2022 – le deuxième cette année-là – sont de plus en plus intolérants face aux critiques, alors que l'insécurité s'aggrave malgré les promesses de mettre fin à l'insurrection islamiste.
Le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) a accusé VOA d’avoir tenu des propos démoralisants pour les troupes du Burkina Faso et du Mali.
Le Burkina Faso fait partie des pays du Sahel qui luttent depuis plusieurs années contre des insurrections islamistes liées à al-Qaïda et à l'État islamique, qui se sont propagées à partir du Mali voisin depuis 2012. Ces conflits ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés dans la région.
La frustration croissante face à l'incapacité des autorités à protéger les civils a conduit à une série de coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis 2020. Les dirigeants militaires de ces pays, bien que promettant des améliorations sécuritaires, peinent à inverser la tendance face à la montée des violences.
Cette nouvelle suspension de médias internationaux par le gouvernement burkinabè souligne la volonté des autorités de contrôler la narration médiatique autour de la situation sécuritaire, alors que la pression augmente pour obtenir des résultats concrets dans la lutte contre l'insurrection.
Cette décision risque de limiter davantage l'accès à des informations indépendantes sur la crise dans le Sahel, une région déjà marquée par des restrictions croissantes en matière de liberté de la presse.