La junte au pouvoir au Burkina Faso a annoncé vendredi le limogeage du Premier ministre intérimaire, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, et la dissolution du gouvernement. Cette décision a été communiquée par un décret émanant du bureau du chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré. Aucune raison n’a été donnée pour justifier cette décision.
Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela avait été nommé Premier ministre peu après la prise de pouvoir de Traoré en septembre 2022, suite à un coup d’État. Ce putsch était l’un des nombreux coups militaires ayant secoué la région instable du Sahel en Afrique de l’Ouest ces dernières années.
Selon le décret, les membres du gouvernement dissous continueront d’assurer leurs fonctions jusqu’à la nomination d’un nouveau cabinet. Cependant, cette décision intervient dans un contexte marqué par une intensification des défis sécuritaires et politiques dans le pays.
Depuis près d’une décennie, le Burkina Faso lutte contre des insurgés islamistes, certains affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique. Ces groupes ont commencé à pénétrer sur le territoire burkinabè à partir du Mali voisin, entraînant une crise sécuritaire persistante.
Lorsque Traoré a pris les rênes du pouvoir en 2022, il avait promis de mieux faire que ses prédécesseurs en matière de lutte contre le terrorisme. Cependant, la situation sécuritaire s’est encore détériorée sous son régime, selon des analystes, des groupes de défense des droits humains et des travailleurs humanitaires. Les attaques des groupes armés se sont multipliées, provoquant des déplacements massifs de population et aggravant la crise humanitaire.
Un régime sous pression
Outre les défis sécuritaires, la junte est critiquée pour sa répression croissante des voix dissidentes. Les restrictions sur la liberté d’expression et la pression exercée sur les médias et les organisations humanitaires ont exacerbé les inquiétudes concernant la gouvernance du pays.
Ce remaniement gouvernemental pourrait refléter des tensions internes au sein de la junte ou une tentative de réorganiser le pouvoir face aux critiques et à la dégradation continue de la situation dans le pays.
Alors que le Burkina Faso reste plongé dans une crise multidimensionnelle, cette décision de limoger le Premier ministre et de dissoudre le gouvernement ajoute une nouvelle couche d’incertitude politique. Les prochaines étapes prises par Ibrahim Traoré et la composition du futur gouvernement seront cruciales pour déterminer si le pays peut trouver une voie vers la stabilité et la sécurité.
Dans un contexte où les populations burkinabè attendent des solutions concrètes face à la montée des violences et à l’aggravation des conditions de vie, la junte se trouve sous une pression croissante pour apporter des réponses claires et efficaces.