Bête noire de tous les régimes ivoiriens malgré son départ en exil il y a huit ans, l'ex-sergent chef Ibrahim Coulibaly voudrait troquer son uniforme de "putschiste" invétéré pour les habits d'homme politique, même si cette reconversion semble aujourd'hui compromise. L'ex-chef rebelle - aujourd'hui introuvable - et douze hommes soupçonnés d'avoir tenté de fomenter un coup d'Etat en Côte d'Ivoire en 2003 seront en effet jugés à partir de lundi par le tribunal correctionnel de Paris.
Né le 24 février 1964 à Bouaké (centre), deuxième ville de Côte d'Ivoire, Ibrahim Coulibaly, alias "IB" entre dans l'armée en 1985.Athlètique, expert en arts martiaux, il découvre le monde politique en devenant garde du corps de plusieurs personnalités, dont l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara.
Sa carrière de putschiste démarre le 24 décembre 1999, avec le renversement du président Henri Konan Bédié. Membre influent de la Garde républicaine (GR), il fait partie des meneurs de ce coup d'Etat, le premier de l'histoire du pays.
Depuis cette date, son nom sera cité à chaque soubresaut de la crise ivoirienne. Même le général Robert Guéi, le chef de la junte arrivée au pouvoir, s'en méfie et le nomme attaché militaire près l'ambassade de Côte d'Ivoire au Canada.
Son exil commence après la tentative d'assassinat, en septembre 2000, du général Guéi qui perd le mois suivant l'élection présidentielle face à Laurent Gbagbo. IB reconnaît avoir également participé, en janvier 2001, à une tentative de coup d'Etat contre le président Gbagbo.
Après cet échec, l'ex-putschiste et ses compagnons prennent le chemin du Burkina Faso, où ils créent ce qui deviendra la rébellion des Forces nouvelles (FN).
Depuis Ouagadougou, l'homme planifie et dirige la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 qui permet aux FN de prendre le contrôle de la moitié nord de la Côte d'Ivoire.
IB manoeuvre la rébellion jusqu'en 2003, lorsqu'une guerre de leadership éclate avec Guillaume Soro, le porte-parole des FN à qui il avait laissé le devant de la scène.
Les combats meurtriers tournent à l'avantage du clan Soro, qui deviendra Premier ministre en 2007, à la faveur d'un accord de paix.
IB fuit alors en France où il est arrêté en septembre 2003 à Paris, accusé de fomenter un nouveau coup de force contre Laurent Gbagbo.
Mais il recouvre la liberté après 21 jours de détention et disparaît. Son exil le mène cette fois au Bénin. Même là, le pouvoir ivoirien voit son ombre derrière chaque soubresaut du pays, notamment un attentat visant M. Soro en juin 2007.
Dernier épisode, une mystérieuse tentative de coup d'Etat du 27 décembre, qui se solde par l'arrestation de plusieurs personnes à Bouaké et Abidjan.
Pourtant, l'ex-militaire affirme en avoir fini avec les putschs et vouloir entrer en politique. Avec le parti qu'il a créé en 2006, l'Union nationale des Ivoiriens du renouveau (UNIR), il envisage de participer à l'élection présidentielle de 2008.
Mais cette nouvelle carrière semble brisée par le mandat d'arrêt international délivré en janvier par les autorités judiciaires ivoiriennes.
Déclaré persona non grata au Bénin, il a déjà disparu de Cotonou.
Interrogé par téléphone sur RFI, l'homme promet de revenir en Côte d'Ivoire pour "s'expliquer".
Pendant ce temps, la menace semble toujours planer à en croire la presse ivoirienne qui pense que l'ex-putschiste attend son heure depuis le Ghana ou le Togo.
N'en déplaise aux médias ivoiriens, IB ne se trouve pas au Togo. Il n'est pas plus certain d'ailleurs que l'ex-sergent se cache au Ghana. L'Afrique de l'Ouest est vaste et les planques faciles à trouver.