'Il faut bousculer les opérateurs'
Michel Yaovi Galley, directeur général de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), s’est exprimé jeudi sur les résultats de l’enquête de satisfaction concernant les services offerts par les deux principaux opérateurs de téléphonie mobile au Togo, Togocom et Moov Africa Togo.
Michel Yaovi Galley, directeur général de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), s’est exprimé jeudi sur les résultats de l’enquête de satisfaction concernant les services offerts par les deux principaux opérateurs de téléphonie mobile au Togo, Togocom et Moov Africa Togo.
Bien que l’ARCEP reconnaisse la volonté affichée par les deux entreprises d'améliorer la qualité de leurs services, elle déplore un manque flagrant d'innovation dans la conception et la fourniture des offres mobiles.
Une stagnation des services malgré les avancées technologiques
Michel Yaovi Galley a fait part de son mécontentement quant à la manière dont les opérateurs continuent de structurer leurs offres, notant qu'il n'y a eu aucune évolution notable dans la manière de concevoir les services mobiles, même avec le passage de la 2G à la 4G. « Aucune approche innovante et novatrice dans la fourniture des services mobiles au Togo. De la 2G jusqu’à la 4G actuellement, on continue de concevoir les offres comme il y a 10 ans », a-t-il déclaré, soulignant que les besoins et les usages des consommateurs ont considérablement évolué, et que les performances de la 4G devraient permettre de proposer des services bien plus adaptés.
Pour remédier à cette situation, M. Galley a suggéré aux opérateurs de revoir leur stratégie en proposant des offres incluant des terminaux compatibles 4G et en adoptant des modèles économiques centrés sur l'utilisation des services plutôt que sur la vente d’appareils. Il a critiqué le fait que les opérateurs se concentrent principalement sur les profits générés par la vente de terminaux, une pratique qu'il estime dépassée dans d'autres pays africains.
« Aujourd’hui, ils proposent des terminaux juste pour gagner de l’argent. Alors qu’ailleurs, on ne propose pas des terminaux pour en tirer des profits, mais pour encourager l’utilisation des services », a-t-il souligné.
Des tarifs élevés et une liberté tarifaire contestée
Un autre sujet de préoccupation pour le directeur général de l'ARCEP est la question des tarifs élevés pratiqués par les deux opérateurs de téléphonie. Il a rappelé que les tarifs au Togo restent parmi les plus chers de la sous-région et que, depuis un an et demi, Moov Africa Togo et Togocom n’ont pas révisé leurs prix, contrairement aux autres pays voisins qui ont ajusté leurs tarifs. Cependant, M. Galley a précisé que l'ARCEP est limitée dans sa capacité d'agir directement sur les prix en raison du cadre juridique en vigueur, qui accorde une certaine liberté tarifaire aux opérateurs.
« Nous ne pouvons, pour le moment, que publier des rapports pour dénoncer la cherté des prix, comme nous le ferons encore bientôt, pour montrer que les tarifs au Togo restent élevés », a-t-il affirmé.
Face à cette situation, M. Galley en appelle à une mobilisation des organisations de défense des consommateurs pour faire pression sur les opérateurs et les inciter à améliorer leurs services. Il a déploré que les associations de consommateurs soient « trop gentilles » avec les opérateurs, et a exhorté à une action plus vigoureuse pour défendre les droits des usagers.
« Il faut vraiment bousculer les opérateurs pour qu’ils cessent de se reposer sur leurs acquis et qu'ils ne cessent d’améliorer leurs prestations », a-t-il lancé.