Conflits, pauvreté, Sida, corruption, exploitation des enfants... L'Eglise catholique va tenter d'apporter ses réponses aux maux de l'Afrique lors d'un synode qui s'ouvre dimanche au Vatican sous la présidence de Benoît XVI. Quelque 250 prélats, appelés aussi "pères synodaux", dont 197 évêques venus de la plupart des pays africains dont le Togo, vont participer jusqu'au 25 octobre à ce deuxième synode sur le continent, placé sous le thème "L'Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix".
Le précédent synode sur l'Afrique, un continent qui comptait en 2007 146 millions de catholiques, avait été organisé en 1994 par Jean Paul II, a rappelé Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du synode des évêques, qui a insisté sur "l'urgence de l'oeuvre d'évangélisation".L'Afrique est derrière l'Océanie le continent où le nombre de catholiques progresse le plus vite, passant de 12% de la population en 1978 à 17% en 2006.
Mgr Eterovic a précisé que l'immigration, "thème essentiel pour l'Eglise en Afrique mais aussi dans le monde", serait abordée lors des travaux.
Le document préparatoire, rendu public en mars à Yaoundé lors de la visite de Benoît XVI en Angola et au Cameroun, appelait les Africains à réagir à "la destruction de l'identité" du continent par la mondialisation qui entraîne pillages, corruption et "relâchement des moeurs".
Cette première visite du pape en Afrique avait été marquée par une polémique sur le préservatif après qu'il eut déclaré que son usage "aggravait" le problème. Le Sida fait d'ailleurs partie des thèmes évoqués dans le document de travail.
Celui-ci dénonce pêle-mêle les guerres, la corruption dans la politique et l'économie, les violations des droits de l'Homme, la situation des femmes confrontées notamment à la polygamie et aux mutilations sexuelles, l'exploitation des enfants enrôlés comme soldats ou livrés à la prostitution.
L'Afrique a été décrite récemment comme "un paradis où les anges meurent de faim" par Mgr Jean-Marie Musivi Mpendawatu, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé et originaire de la République démocratique du Congo.
Une manière de rappeler que l'immense majorité de la population vit dans la misère sur un continent doté pourtant de grandes richesses naturelles.
Le document relève également que dans "certains pays", non cités, les évêques ne peuvent "plus parler d'une seule voix" car une partie d'entre eux ont pris position "en faveur d'un parti politique déterminé".
L'Eglise catholique souligne cependant de récentes évolutions positives telles que l'apparition "d'une société civile active" ou les tentatives de "résolution interafricaine des conflits".
Trois invités spéciaux sont attendus: le musulman Jacques Diouf, directeur général de la FAO, le Congolais Rodolphe Adada, qui a été à la tête de la mission conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (Minuad) et le patriarche éthiopien Abuna Paulos.
Le synode s'ouvrira par une messe célébrée par le pape "avec quelques touches africaines", a indiqué Mgr Eterovic.