Quinze ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi contre Yves Marguerat, un chercheur français jugé pour viols sur des enfants au Togo, où il a travaillé pendant plus de 15 ans. Le verdict, initialement prévu vendredi, a été avancé et devait intervenir en fin d'après-midi ou en soirée, l'absence de certains témoins ayant accéléré les débats.
Yves Marguerat, 64 ans, est accusé de viols sur deux mineurs, dont un âgé de moins de 15 ans, à Lomé entre 1991 et 1995. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle.Durant son réquisitoire, l'avocate générale, Jacqueline Amara, a comparé les agissements d'Yves Marguerat à "un système mafieux", où pesait "l'omerta" et où "tous les enfants, victimes ou pas", étaient redevables envers lui parce qu'ils avaient "peur que l'argent s'arrête".
Accusant le chercheur d'avoir "sali l'Afrique" et de faire preuve d'une "mauvaise foi intégrale", elle a estimé qu'il était "toujours dangereux pour la société", malgré ses deux années de détention provisoire.
"S'est-il rendu compte qu'il n'agissait que pour son plaisir, sans considérer les enfants? S'est-il rendu compte qu'il a commis des actes graves? Et bien, je n'en suis pas persuadée", a-t-elle poursuivi.
L'accusé, qui travaillait comme chercheur en géographie urbaine pour le compte d'un organisme public français, l'Orstom (devenu l'Institut de recherches pour le développement, IRD), a reconnu qu'il s'adonnait à des attouchements sexuels sur les nombreux enfants des rues qu'il hébergeait dans sa maison particulière.
Mais il nie tout viol par sodomie et a expliqué plusieurs fois à la cour que les fellations n'étaient que "des amorces", à l'initiative de jeunes "demandeurs" et en "manque de tendresse", qu'il interrompait "immédiatement".
Ses deux accusateurs et plusieurs témoins ont au contraire affirmé que le chercheur avait instauré un "système" qui voulait que les faveurs sexuelles s'échangent contre de petites sommes d'argent, dans un environnement de misère totale.
L'avocat des victimes, Me Thierry Picquet, a dénoncé "le silence des autorités françaises et la couverture des autorités togolaises" pendant la période d'expatriation d'Yves Marguerat à Lomé, de la fin des années 70 au milieu des années 80.