Ils sont frères, tous deux kayakistes et nourrissent le même rêve de gloire olympique à Pékin. L'un pour la France, l'autre pour le Togo. Situation amusante rapportée jeudi par l'agence Reuters. Olivier Boukpeti devrait défendre les couleurs françaises et Bejamin celles du Togo. Mais que l'on se rassure, les relations entre les deux concurrents restent fraternelles.
Voici la dépêche publiée par ReutersA 140 jours des Jeux olympiques, Olivier Boukpeti, l'aîné de 30 ans, n'a pas encore décroché sa qualification en ligne pour la France. Benjamin, son cadet de 26 ans, savoure déjà la sienne en slalom monoplace pour le Togo.
Nés à Lagny-sur-Marne en Seine-et-Marne, ils sont les fils du Togolais Ferdinand, de l'ethnie kabiyé, installé à Saint-Gratien dans l'Essonne, et de la Française Aline, qui vit maintenant à La Réunion. Ils possèdent tous les deux la double nationalité.
C'est curieusement l'aîné qui a suivi les traces de son cadet en se lançant dans le kayak.
De six à 13 ans, Olivier joue au football, "en club, à l'école, entre les cours, dans la rue". Milieu droit à Lagny, il se rêve souvent en Jean Tigana.
"Mais surtout, je voulais faire du sport de haut niveau", se souvient-il.
A 10 ans, Benjamin plonge dans un kayak et tente en vain d'entraîner son aîné en lui racontant ses folles descentes en rivières.
"D'entrée, j'ai fait les trois disciplines: slalom, ligne, descente. A 15 ans, j'ai opté pour le slalom, un jeu demandant de l'habileté. A côté, la ligne était rébarbative, peu ludique", raconte le cadet.
A 14 ans, Olivier accepte de s'asseoir sur l'eau. Immédiatement conquis, "notamment par le matériel super léger tout en carbone", il change de voie.
ÉMULATION
Si Benjamin trouve la sienne en slalom, Olivier s'essaie d'abord à la descente, une discipline non-olympique. Il s'entraîne aux côtés de gros bras nommés Bâbak Amir-Tahmasseb et Philippe Colin, spécialistes reconnus de la ligne qui le convertissent.
"Grâce à eux, je me suis rendu compte que ce n'était pas aussi bourrin qu'on le disait, que c'était beau et sympa. Donc, j'ai adopté", dit-il.
Si Benjamin a déjà atteint les demi-finales aux Jeux d'Athènes en 2004, Olivier espère aujourd'hui rejoindre son cadet à Pékin et participer ainsi à ses premiers JO.
"Quand l'un réussit, l'autre est aiguillonné. Donc en se qualifiant avant moi, mon frère vient de me mettre la pression", s'amuse l'aîné.
"On se tire la bourre à distance. Mais quand l'un est dans le dur, l'autre l'encourage. A ce rythme, nous passons des heures au téléphone."
Benjamin Boukpeti est licencié à Toulouse, où il termine des études de management tout en s'entraînant à l'aide des conseils distillés "à distance" par le Français Jean-Jérôme Perrin, entraîneur de l'équipe sud-africaine.
Le 27 janvier dernier au nord-est de Nairobi, au Kenya, le slalomeur a remporté les premiers championnats d'Afrique de l'histoire et empoché au passage son ticket olympique pour Pékin.
A Athènes en 2004, il était l'un des trois athlètes représentant le Togo aux Jeux.
De son côté, Olivier Boukpeti est installé à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, il est licencié à l'AC Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, et s'entraîne à Vaires-sur-Marne, en Seine-et-Marne, tandis que son coéquipier breton Arnaud Hybois pagaie à Toulouse.
Professeur de sports, le kayakiste est conseiller technique national au sein de sa fédération de tutelle.
Dixième en K2 500 et cinquième en K2 200 non-olympique lors des derniers championnats du monde, le Francilien devrait pouvoir arracher une sélection olympique.
Les "ligneux" français doivent encore passer deux épreuves pour valider leur billet pour Pékin: les sélections nationales du 24 au 27 avril à Mantes-la-Jolie et les championnats d'Europe du 15 au 18 mai à Milan.
Sophie Greuil
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