Cédéao

Période de grâce

Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis en sommet ce dimanche, ont décidé d'accorder une période de grâce de six mois à trois de leurs membres – Mali, Burkina Faso et Niger – après leur sortie prévue de l'organisation régionale le 29 janvier 2024.

Photo de famille dimanche à Abuja © Reuters/Marvellous Durowaiye/ Mena Today

Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis en sommet ce dimanche à Abuja, ont décidé d'accorder une période de grâce de six mois à trois de leurs membres – Mali, Burkina Faso et Niger – après leur sortie prévue de l'organisation régionale le 29 janvier 2024.

Ce délai, fixé jusqu'au 29 juillet 2025, a pour objectif de tenter de persuader ces pays de revenir sur leur décision.

L’annonce du retrait des trois pays, formulée conjointement il y a un an, représente une rupture significative avec des décennies d'efforts d'intégration politique et économique dans la région. Alors que la CEDEAO espérait utiliser ce sommet comme une opportunité pour faire changer d'avis les autorités de transition au pouvoir dans ces pays, ses efforts se sont jusqu’à présent avérés vains.

Mali, Burkina Faso et Niger, confrontés à une insécurité croissante liée aux insurrections djihadistes dans la région du Sahel, ont formé leur propre alliance militaire et politique. En plus de leur coopération renforcée dans le domaine de la défense, ils envisagent de quitter l’Union monétaire ouest-africaine, signalant une volonté de s’éloigner des structures régionales traditionnelles.

Oumar Touray, président de la commission de la Cédéao, a souligné que cette période de transition vise à ramener les trois États au sein de l'organisation « sans préjudice ». 

Cependant, samedi, les trois pays ont réaffirmé leur volonté de quitter l’organisation, une décision irréversible. Ils ont néanmoins précisé que leurs territoires resteront ouverts et exempts de visas pour les citoyens de la Cédéao après leur départ, dans un apparent effort pour préserver la libre circulation des personnes.

Cette décision pourrait être une réponse aux inquiétudes selon lesquelles leur retrait compromettrait l’intégrité du marché commun ouest-africain, qui regroupe environ 400 millions de personnes.

Ce départ annoncé s’inscrit dans un contexte de bouleversements majeurs dans le Sahel, où une série de coups d’État depuis 2020 a porté des régimes militaires au pouvoir. Ces derniers se sont rapprochés de la Russie, au détriment des relations traditionnelles avec la France, ancienne puissance coloniale, et d’autres partenaires internationaux. Cette réorientation stratégique, associée au retrait de la Cédéao, marque une transformation profonde des dynamiques politiques et économiques dans la région.

En dépit des divergences, la Cédéao semble déterminée à maintenir le dialogue avec ces trois pays, même si les perspectives de réintégration restent incertaines. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si le bloc régional parviendra à surmonter cette crise sans précédent.

Le Togo était représenté au sommet par Robert Dussey, le ministre des Affaires étrangères 

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