Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, l’Afrique de l’Ouest doit améliorer les échanges régionaux pour renforcer la production agricole, doper la croissance et garantir une alimentation suffisante pour un nombre croissant d’habitants.
Ce rapport appelle les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Togo, à s’affranchir de politiques alimentaires purement nationales au profit d’une politique commerciale régionale au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans le but de rapprocher les agriculteurs des consommateurs urbains, en plein essor.
Pour Jean-Christophe Maur, économiste principal à la Banque mondiale et principal auteur du rapport, ‘les denrées de base sont au cœur des objectifs agricoles de la Cédéao. L’expérience douloureuse de ces dernières années a bien montré l’importance de la coopération transfrontalière pour assurer l’approvisionnement alimentaire mais aussi pour gérer des ressources naturelles communes et faire face aux maladies et défis sécuritaires dans la région. Le moment est venu d’ouvrir la voie au commerce régional dont on sait qu’il permet de nourrir les populations, réduire la pauvreté, créer des emplois et promouvoir une prospérité partagée.’
Avec plus de la moitié des terres fertiles de la planète encore inexploitées, le potentiel agricole de l’Afrique est énorme. Pourtant, les pays africains sont toujours plus tributaires des importations de produits alimentaires. Grâce aux revenus tirés des produits de base, les gouvernements de cette région importent des volumes importants de denrées (riz, maïs, manioc et millet) qui constituent l’essentiel des apports caloriques. Le rapport montre comment, depuis la crise alimentaire de 2007-2008, suivie par une hausse des cours internationaux des produits alimentaires, une baisse des niveaux de production et une forte dépendance vis-à-vis des importations, les pays ouest-africains sont dans l’incapacité de nourrir leurs populations à un prix raisonnable.
Le commerce régional en Afrique de l’Ouest est crucial pour la sécurité alimentaire et le développement agricole et pourrait, sous réserve de politiques adaptées et de l’engagement des pays voisins, jouer un rôle essentiel. Le commerce transfrontalier créera des économies d’échelle dans la production alimentaire, multipliera les débouchés pour les producteurs et réduira considérablement l’exposition des ménages, notamment pauvres, à la volatilité des prix, à la sécheresse et aux autres chocs.
Le rapport rappelle que l’Afrique de l’Ouest a déjà fait le pari de l’action régionale, avec des institutions comme la Cédéao.
L’adoption récente de règles commerciales et de contrôle de la qualité harmonisées pour le marché des semences et des engrais en témoigne. Mais malgré ces engagements en faveur de l’intégration, la plupart des 15 pays membres de l’organisation continuent d’appliquer des politiques de soutien à l’autosuffisance nationale, y compris en interdisant les importations de denrées de base provenant de pays voisins.
Faute de politiques commerciales régionales adaptées, les agriculteurs sont pénalisés par l’inefficacité des services de transport et d’entreposage, le manque de financements et la fragmentation des chaînes logistiques (pour la réfrigération des produits périssables par exemple), qui freinent la commercialisation de leur production. Cette désorganisation complique aussi l’activité des petits exploitants et négociants, qui ne parviennent pas à produire d’excédents destinés à l’industrie agro-alimentaire.
Sous réserve de l’adoption de politiques adaptées, le commerce régional en Afrique de l’Ouest pourrait offrir un potentiel nettement supérieur à son niveau actuel. La Cédéao est idéalement placée pour faciliter, coordonner et mener à bien une telle transition.
Le rapport de la Banque mondiale étudie une série d’options que les décideurs régionaux et nationaux pourraient envisager pour renforcer la production agricole et doper la croissance.
Le Groupe de la Banque Mondiale finance au Togo le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) dont l’exécution prend fin en 2017.