La croissance des pays de la zone franc CFA reste "insuffisante pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement", ont constaté les ministres des Finances de la zone, dans un communiqué mardi. "Les ministres ont constaté que la croissance restait encore insuffisante pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement", selon le communiqué, publié à l'issue d'une réunion de deux jours des ministres des finances de la zone franc à Paris.
Les résultats économiques de la zone "sont contrastés (...) entre ceux qui disposent d'une rente pétrolière et les autres", a pour sa part indiqué Christine Lagarde, ministre française de l'Economie et des Finances.Certains pays qui n'exportent pas de pétrole connaissent notamment une certaine "fragilité" de leur filière agricole, "notamment cotonnière", a-t-elle souligné, notant que la croissance de la zone franc CFA restait "insuffisante pour remédier de manière durable et solide" au recul de la pauvreté.
Dans la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui comprend le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Mali et le Sénégal, la croissance a atteint 3,1% en 2006, soit un ralentissement "de plus d'un point par rapport à 2005", en raison notamment "de la crise énergétique dans plusieurs pays et des difficultés auxquelles sont confrontés certains secteurs moteurs de la croissance", indique le communiqué.
En 2007, la croissance ne pourra rebondir "que si des solutions durables sont apportées à ces problèmes", poursuit le texte, notant que "la situation des finances publiques reste tendue".
En zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, qui comprend le Congo, le Tchad, la Guinée Equatoriale, la Centrafrique, le Cameroun et le Gabon), "la croissance a légèrement décéléré de 3,6% en 2005 à 3,5% en 2006, en raison notamment d'un recul de la production pétrolière en volume, mais elle devrait se redresser autour de 5% en 2007", selon les ministres.
Par ailleurs, Mme Lagarde a souligné qu'elle souhaitait que "la France puisse de nouveau réaliser, sous certaines conditions très précises, des opérations de prêts souverains dans certains pays récemment désendettés, où elle n'intervenait jusqu'ici qu'en subventions".
"Ces prêts s'effectueront à des conditions très concessionnelles, prenant en compte tous les critères de prudence élaborés par les institutions financières internationales", a-t-elle ajouté.
Ces prêts pourront prendre des formes "innovantes", a poursuivi Mme Lagarde. Il s'agirait par exemple de prêts de très longue durée (30 ans) assortis d'une période de grâce assez longue (5 ans), de taux d'intérêts bas (1%) et d'un "mécanisme original grâce auquel un pays emprunteur disposerait de la capacité de repousser ses paiements sur une période cumulée de 5 ans en plus de la période de grâce initiale, afin d'ajuster le rythme de remboursement à ses recettes", a détaillé Xavier Musca, directeur général du Trésor.
Ce mécanisme vise à "faire en sorte, s'il y a une sécheresse ou un problème particulier, que le pays ne courre pas le risque de surendettement", a-t-il précisé.
"L'annulation de dette, ce n'est pas dire aux pays africains qu'ils ne peuvent pas se réendetter. Ils doivent le faire dans des conditions raisonnables", a conclu M. Musca.