L'épidémie d'Ebola "n'est pas encore endiguée", a averti jeudi le coordinateur spécial de l'ONU pour la lutte contre cette fièvre hémorragique, à la veille d'un sommet de l'Union africaine qui abordera le sujet.
"Le nombre de cas décroît de semaine en semaine et tend vers zéro dans beaucoup d'endroits, mais la maladie est encore présente dans un tiers des zones des trois pays touchés. Nous avons encore des flambées occasionnelles et des surprises avec de nouveaux cas, hors de nos listes" de proches de malades, a expliqué David Nabarro à Addis Abeba, se disant inquiet de l'arrivée de la saison des pluies.
"Cela signifie que l'épidémie n'est pas encore endiguée", a-t-il mis en garde, "nous devons poursuivre notre effort, de façon même plus intense".
M. Nabarro s'est dit inquiet de l'arrivée prochaine de la saison des pluies et a appelé à la mise en place d'un réseau "d'intervenants locaux" avant que les précipitations ne rendent certaines zones difficilement accessibles.
Il a estimé que le Centre africain de contrôle des maladies, dont l'UA a annoncé la mise sur pied d'ici mi-2015, permettrait à l'Afrique d'agir plus rapidement, en cas de nouvelle épidémie.
"Il nous a fallu trop longtemps pour être prêts. Nous avons besoin de meilleurs moyens d'intervention", a-t-il indiqué, à propos des leçons tirées de cette épidémie d'Ebola, la pire de l'histoire du virus depuis son identification en 1976.
La communauté internationale et l'UA ont été accusées d'être restées trop longtemps passives face à l'épidémie, qui a tué près de 9.000 personnes en un an, essentiellement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
Cette épidémie a aussi mis en lumière l'état désastreux des systèmes de santé dans certains des pays africains.
Faure GnassingbéTout triomphalisme est prématuré
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est récemment félicitée le 23 janvier d'une baisse radicale du nombre de personnes contaminées par le virus, tout en avertissant que la situation restait "extrêmement préoccupante" et qu'une recrudescence de l'épidémie ne pouvait être exclue.
Ces réalités, Faure Gnassingbé les connaît. Nommé superviseur de la lutte contre Ebola pour le compte de la Cédéao, le président Togolais avait avertit mi-janvier à Accra que tout triomphalisme était prématuré.
‘Pris individuellement, aucun des pays touchés, ne peut trouver à lui tout seul, la voie du salut. Les pays qui partagent des frontières avec ceux qui sont déjà touchés (…) ne peuvent pas non plus continuer à se préserver durablement, en comptant uniquement sur leurs propres forces’, avait mis en garde le chef de l’Etat.
Ce message, il devrait le délivrer de nouveau en fin de semaine à Addis Abeba lors du sommet de l’UA.