Un protocole en décalage avec la réalité
La libre circulation des personnes et des biens, un principe fondateur souvent proclamé par les Chefs d’États et de gouvernements de la CEDEAO, semble encore n’être qu’un idéal inscrit sur le papier.
La libre circulation des personnes et des biens, un principe fondateur souvent proclamé par les Chefs d’États et de gouvernements de la CEDEAO, semble encore n’être qu’un idéal inscrit sur le papier.
La réalité sur le terrain est bien différente, comme l’a souligné Mémounatou Ibrahima, présidente du Parlement de l’organisation ouest-africaine, lors de l’ouverture d’une session délocalisée de cette institution à Banjul, en Gambie, lundi.
Adopté en 1975, le Protocole sur la libre circulation des personnes et le droit de résidence et d'établissement dans la région avait pour ambition de transformer la CEDEAO en une zone de libre circulation, où les citoyens pourraient se déplacer sans visa, s’installer et mener des activités économiques dans n’importe quel État membre. Ce dispositif est censé faciliter la mobilité et stimuler le commerce intrarégional, contribuant ainsi à l'intégration économique et sociale des pays de la région.
Cependant, selon Mémounatou Ibrahima, les faits montrent que ce Protocole n’a pas encore porté ses fruits. « Sur le terrain, c’est comme si les États n’avaient jamais adopté ce Protocole », a-t-elle déploré, faisant référence aux nombreux obstacles rencontrés par les citoyens de la CEDEAO lorsqu’ils tentent de circuler ou de s’installer dans un autre pays membre.
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation paradoxale. D’un côté, les divergences d’intérêts nationaux freinent l’application homogène du Protocole dans toute la région. D’autre part, les problèmes d’infrastructures et les faiblesses des mécanismes de mise en œuvre exacerbent les difficultés. Ainsi, malgré les garanties prévues pour assurer la mobilité au sein de la CEDEAO, les citoyens continuent de faire face à des restrictions et des complications administratives.
Mémounatou Ibrahima a évoqué les « défis considérables » qui subsistent dans la mise en œuvre de la libre circulation, soulignant que la situation a été particulièrement compliquée ces dernières années, notamment en raison de crises sécuritaires et économiques qui ont affecté plusieurs États membres.
Pour remédier à cette situation, le Parlement de la CEDEAO appelle les gouvernants des États membres à renforcer les mécanismes de suivi et à assurer une mise en œuvre plus efficace des protocoles adoptés.
« La pleine réalisation de la libre circulation dans l’espace de la CEDEAO nécessite une gouvernance solide, fondée sur la confiance mutuelle, la responsabilité partagée et l'appropriation des résultats », a souligné Mme Ibrahima.
La session de Banjul, organisée par la Commission mixte du Parlement de la CEDEAO, se veut une plateforme de discussion entre députés et autres acteurs sur le rôle du Parlement dans la mise en œuvre du Protocole sur la libre circulation des personnes et le droit de résidence et d'établissement. L’objectif est de trouver des solutions concrètes pour surmonter les obstacles actuels et concrétiser enfin les promesses de la CEDEAO en matière de libre circulation.