La Cour pénale internationale (CPI) a inauguré à Bangui son bureau de représentation en Centrafrique, a annoncé samedi la radio nationale centrafricaine. "Ouvrir un bureau en RCA (République centrafricaine) c'est permettre de répondre à des enjeux fondamentaux de la Cour et au-delà, à ses besoins pour les enquêtes menées aujourd'hui par le procureur et demain par les avocats de la défense, si la Cour devait être saisie d'une affaire", a déclaré le greffier de la CPI Bruno Cathala, lors de l'inauguration jeudi soir.
La CPI a ouvert en mai une enquête sur des crimes, notamment sexuels, commis en Centrafrique en 2002 et 2003, lors de la répression sanglante d'une tentative de coup d'Etat du général François Bozizé en 2002, l'un des plus sombres épisodes du régime de l'ex-président Ange-Félix Patassé.M. Bozizé a finalement renversé le président Patassé en mars 2003, avant d'être élu en mai 2005 à la tête de l'Etat.
"Les équipes d'enquêteurs vont travailler et le procureur, à l'issue de cette enquête, décidera s'il estime avoir assez d'éléments pour saisir les chambres de la Cour afin que soient jugés des faits", a poursuivi M. Cathala.
L'Etat centrafricain avait saisi la CPI en décembre 2004 pour lui demander d'ouvrir une enquête sur les crimes commis en 2002-2003. En avril 2006, la Cour de cassation centrafricaine s'était dessaisie de ce dossier au profit de la CPI.
L'enquête de la CPI ne vise aucune personnalité en particulier, mais les noms de M. Patassé, en exil au Togo, de l'ex-vice président de RDC Jean-Pierre Bemba (à l'époque chef d'une rébellion congolaise venue prêter main forte à M. Patassé) et de l'ex-gendarme français Paul Barril, qui avait organisé la garde rapprochée de M. Patassé, étaient cités par la justice centrafricaine.
Etait également cité le nom d'Abdoulaye Miskine, à l'époque chef d'une unité spéciale dépendant de la présidence centrafricaine, devenu chef rebelle à l'arrivée au pouvoir de M. Bozizé avant de se rallier en février. M. Miskine n'est apparu depuis que brièvement à Bangui et a quitté la Centrafrique depuis plusieurs mois. Selon des sources concordantes, il se trouve lui aussi au Togo.
Le bureau de Bangui est le cinquième ouvert par la CPI dans des pays où elle enquête sur de possible crimes de guerre. Elle dispose déjà de bureaux à Kampala, à Kinshasa et Bunia (République démocratique du Congo), et à Abéché (Tchad).